Le déroulement de la scolarité à l’ENM (1)

Salut à toutes et à tous !

Derrière ce maudit concours qui occupe jour et nuit l’esprit du/de la candidat(e) se cache une école et une formation de deux ans et demi. Cela peut paraître idiot de le rappeler, mais je me suis aperçu(e) que lorsque je préparais le concours de l’ENM, la tête dans le guidon, j’avais bien peu d’idées de ce à quoi pouvait bien ressembler la scolarité à Bordeaux, tant le concours y faisait « obstacle ». Je savais qu’il y a probablement des cours de droit et qu’on y devient magistrat(e) à la fin, ou un truc comme ça. Pour savoir concrètement comment la scolarité à l’ENM se déroule, une seule solution : connaître un(e) vaillant(e) auditeur/trice prêt(e) à évoquer ses faits de gloire avec vous, pauvre forçat(e) sur les bancs de la prépa ou de l’IEJ.

Dans des moments difficiles où la motivation fait parfois défaut, pouvoir se représenter à quoi ressemble son objectif permet de se rappeler pourquoi on a entrepris tout ce parcours du combattant et fait autant de sacrifices, sur le plan personnel et parfois professionnel. J’ai peu à peu compris, durant ma préparation, que connaître le fonctionnement de l’ENM et de la formation initiale fait en réalité partie de la préparation en elle-même.

A moins que vous ne vouliez pas vous spoiler le plaisir de la découverte et que vous soyez sûr(e) de réussir le concours prochainement, je vous propose donc une présentation générale de la scolarité à l’ENM, pleine de commentaires personnels (vous me connaissez…) et qui vise à mettre en relief le descriptif que vous pouvez trouver ici, sur le site de l’école. Il s’agira d’un panorama brossé à grands traits, et donc nécessairement lacunaire, de cette scolarité longue de 31 mois : nous entrerons dans les détails par la suite.

Pour perpétuer mes souvenirs de forçat(e) de la prépa, je divise la formation en deux parties, deux sous-parties : avant le stage juridictionnel ; pendant et après le stage juridictionnel. Ce découpage là encore très personnel et non officiel, fondé sur le ressenti de l’auditeur/trice que j’ai été et que je serai encore pour quelques mois, met en évidence le fait qu’il s’agit selon moi de la pierre angulaire de la formation !

1ère partie : le début des festivités (janvier-août 2017)
2ème partie : la scolarité bordelaise (septembre 2017-mars 2018)
3ème partie : le stage juridictionnel (avril-décembre 2018)
4ème partie : la rampe de lancement (janvier-septembre 2019)


1ère partie : le début des festivités (janvier-août 2017)

Récap’ : prestation de serment (fin janvier) ; stage en immersion et dans la police/gendarmerie (février) ; stage avocat (début mars à début juin) ; premiers cours à Bordeaux (juin-juillet).

Encore tout émoustillé(e)s par le fait d’avoir vu son nom figurer sur la liste des admis(es) et le ventre arrondi par les fêtes de fin d’année, nous sommes attendus début janvier à Bordeaux pour la fameuse prestation de serment. C’est l’occasion d’enfiler sa robe pour la première fois (ailleurs que chez le costumier et chez soi devant tous les miroirs), de lever sa main droite dans le hall de la cour d’appel et de jurer. On s’arrête à « Je le jure », car si les anciennes promotions de 50, 60 ou 70 magistrats pouvaient répéter à l’envi le serment complet, c’est difficilement envisageable à 345.

Les premières conférences débutent ! Nous sommes accueillis par les deux figures intellectuelles du monde judiciaire que sont Antoine Garapon et Denis Salas, pour des cours de réflexion sur les symboles judiciaires et l’acte de juger. Nous en avons lu les ouvrages ou entendu la douce voix sur France Culture ; ils nous ont parfois donné le goût de la justice, voire l’envie d’être magistrat(e) ; et les voilà nous traitant en collègues et camarades de réflexion…

Nous prenons nos marques dans cette école bordelaise qui nous accueillera pendant 31 mois, le temps nécessaire pour quitter nos habits d’étudiant ou de professionnel en reconversion et endosser celui du juge ou du procureur. Nous découvrons petit à petit les lieux où notre postérieur va désormais passer le plus clair de son temps : le grand amphi, rebaptisé « amphithéâtre Simone Veil », et appelé couramment, de manière extrêmement originale, « l’amphi » (vu qu’il n’y en a qu’un) ; la bibliothèque ; la tour Rogers et les salles de cours, numérotées de 1 à 10. La dernière étant une salle de retransmission de l’intégralité des conférences en vidéo : nous sommes désormais bien trop nombreux/ses pour prétendre entrer tous ensemble dans notre modeste amphi. Pas grave, on est dix fois mieux assis là-haut et plus au frais (#100 %teamsalle10).

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Une pluie de « goodies » s’abat également sur la promotion. L’auditeur/trice reçoit son ordinateur professionnel et son adresse mail justice, qui nous suivront toute la scolarité et qui donnent surtout l’impression que nous appartenons concrètement au corps de la magistrature : quel plus beau témoignage d’intégration dans une société connectée ?

Les précieux fascicules nous sont officiellement remis. Instruments de travail de l’auditeur par excellence, ils seront lus et relus avec acharnement à l’approche des épreuves et la première année suivant la prise de poste. Idéal pour en boucher un coin à un premier vice-président avec trente ans de métier durant un délibéré : « Mmm, il me semble qu’il n’est pas possible d’envisager cela, depuis la loi n°2016-141 du 9 mars 2016 qui dispose que… [tendre le fascicule avec un air mi-contrit mi-fier de soi] ». Quant aux codes des bases de données juridiques, ainsi que de Dalloz.fr et LexisNexis, ils seront utiles pour disposer des textes de loi et de la jurisprudence durant les cours sans avoir à s’esquinter les lombaires ou les bras avec les codes papier.

Point méconnu du déroulement concret de la formation : les auditeurs/trices sont répartis en début de scolarité dans un peu moins d’une vingtaine de « directions d’études », dites « DE ». Il s’agit tout simplement de sous-groupes d’environ vingt auditeurs, qui se retrouveront en cours ensemble, afin de diviser la promotion entre les différents magistrats enseignants. Autant dire qu’en passant 31 mois agglomérés ensemble dans des salles de 15m2, des liens se créent, et il ne manque généralement plus qu’un blason et un hymne pour que ça devienne une fraternité d’université américaine.

Nous enchaînons avec trois stages de découverte, qui constituent une première approche du travail en juridiction. Les auditeurs/trices sont envoyé(e)s par l’école partout en France, sur la base d’une liste de vœux formulés par chacun – comme pour le stage avocat par la suite. S’ils permettent d’avoir une vision plus concrète de la vie en juridiction et de la direction d’enquête, le fait qu’ils arrivent si tôt dans la formation empêche d’avoir le recul nécessaire pour poser des questions très pertinentes aux enquêteurs.

Je consacrerai un article spécifique aux stages en immersion et dans un service d’enquête, en tentant de rendre palpable les émotions des premières audiences, les rencontres avec des magistrat(e)s expérimenté(e)s, qui déjà nous donnent une idée du magistrat que l’on souhaite devenir (ou pas…), la joie d’être enfin considéré(e) comme un(e) collègue et infiltré(e) dans les audiences, déferrements et autres débats contradictoires…

Quant au stage dans un cabinet d’avocat, j’en ai extrait une bafouille ici. Pour résumer mon propos : c’est un temps irremplaçable d’échanges et de découverte de la profession d’avocat, de ses contraintes et son fonctionnement particulier, qui préfigure un peu le stage juridictionnel en ce qu’il permet de prendre peu à peu ses marques dans les palais de justice et d’asseoir ses connaissances procédurales.

Les mois de juin et juillet voient la scolarité débuter « à proprement parler » : on commence à entrer dans le vif du sujet. Médecine légale, lutte contre le terrorisme, sociologie de la délinquance… C’est également l’occasion de nouer un premier contact avec les indispensables organisations syndicales (USM et SM) et la fabuleuse Association des jeunes magistrats (AJM), dont il faut immédiatement consulter le site et qui ne demande qu’à vous accueillir dès votre intégration ! Cela permettra peut-être de la faire remonter au dessus de l’Amicale Judo Morbihan dans les résultats Google…

Quant au mois d’août… il s’agit de vacances bien méritées avant le début de la tempête !

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La promotion rassemblée sur les marches de la cour d’appel de Bordeaux, quelques minutes après la prestation de serment.


2ème partie : la scolarité bordelaise (septembre 2017-mars 2018)

Récap : scolarité à Bordeaux. Échanges européens Aiakos (octobre-novembre 2017) ; simulation d’audiences ; épreuves de fin de scolarité. Stage dans l’administration pénitentiaire (février).

Ça y est, désormais on ne rigole plus : c’est le début de la période de scolarité bordelaise, qui s’achèvera avec trois épreuves écrites et surtout le début du stage juridictionnel. Car c’est selon moi le principal objectif de ces six mois : se préparer à pouvoir tenir une audience correctionnelle ou civile sans claquer des genoux, et rédiger des jugements qui ne demandent pas quatre heures de réécriture à votre maître de stage.

Les enseignements dispensés à l’école se divisent en deux grandes catégories : les conférences en amphithéâtre (généralement les lundis et mardis) ; les cours en DE (plutôt les jeudis et vendredis, mais c’est variable). Le mercredi matin est dévolu aux cours d’anglais, en groupes créés sur la base du niveau de chacun dans la langue d’Avril Lavigne. Le mercredi après-midi est censé être une plage de « travail personnel » (oui, censé, vous avez bien lu…).

Les conférences accueillent les interventions de personnalités diverses, venues s’adresser à la promotion réunie : de grandes personnalités du monde judiciaire qui ont à cœur de faire partager leur expérience aux nouveaux venus (André Potocki, Nicole Maestracci, Jean-Michel Hayat, Adeline Hazan, Jean-Louis Nadal, François Molins…) ; des représentants d’associations et d’institutions publiques en lien avec la justice ; des professeurs en sciences humaines et des « experts » (Laurent Mucchielli, Asiem El Difraoui…).

Les DE sont des cours en groupes, centrés exclusivement sur la procédure et l’acquisition des savoirs pratiques du magistrat : pas de droit de fond rue des Frères Bonie, il est supposé maîtrisé à l’entrée (même si l’un ne s’enseigne jamais vraiment sans l’autre). Concrètement, ce sont des après-midi à s’enfiler de grandes lampées de procédure civile et pénale, et approfondir la méthodologie de rédaction des jugements en s’exerçant à partir de dossiers réels.

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Même si ce n’est bien entendu que très peu de choses en comparaison avec la préparation du concours, on sent très nettement l’intensité du programme s’accentuer vers le mois d’octobre, alors que pleuvent les réquisitoires définitifs et jugements à rédiger et que se profilent les premières simulations… Les premiers essais ne sont souvent pas très concluants : on tâtonne pour distinguer prétentions et moyens, moyens de droit et moyens de fait, et on prend surtout conscience que l’on ne savait absolument rien du travail des juges et procureurs sur les bancs de la fac ou de la prépa.

Vers octobre, c’est aussi la période où les auditeurs/trices commencent à se connaître de mieux en mieux, après quelques soirées ensemble et des verres (de Perrier) bien mérités pour souder l’esprit de promotion. Les échanges européens « Aiakos », sous l’égide de l’EJTN, sont l’une des plus belles expériences de toute la scolarité. Plusieurs dizaines d’auditeurs/trices sélectionné(e)s sont envoyées dans un pays européen pour y découvrir le fonctionnement du système judiciaire, tandis que l’ENM accueille de son côté un bataillon de magistrat(e)s européen(ne)s, jeunes ou moins jeunes, pour des séquences de réflexion sur nos pratiques et surtout, à nouveau, de petits verres autour de la cathédrale Saint-Jean qui facilitent la découverte de la procédure pénale lettone ou du droit de la consommation slovène.

La scolarité bordelaise s’achève par le stage de deux semaines en milieu pénitentiaire, dans une maison d’arrêt, un centre de détention ou une des huit maisons centrales de France. C’est un autre temps fort de la formation, riche en émotions et en découvertes, que de suivre le quotidien des surveillants pénitentiaires soi-même vêtu(e) de bleu et équipé(e) de son seul sifflet. La promotion 2017 l’a effectuée peu de temps après les mouvements de grève qui ont entraîné le blocus et la désorganisation de plusieurs établissements : l’occasion d’échanger au sujet de leurs revendications, bien souvent partagées par les magistrat(e)s lorsqu’il s’agit de dénoncer le manque de moyens accordé à la justice…

Quant aux épreuves écrites… Inutile de gâcher ce beau récit par ce malheureux passage obligé de toute formation – sur lequel je reviendrai néanmoins dans un futur article pour aider les auditeurs/trices à faire grossir leur pécule de points.

Nous quittons ensuite nos appartements bordelais et notre vie d’auditeurs/trices abreuvé(e)s de connaissances, pour nous diriger vers les tribunaux de grande instance dans lesquels nous avons été affectés. C’est le début du second temps de la formation, qui va définitivement nous faire quitter l’habit de l’étudiant(e) ou du professionnel en reconversion et nous transformer en magistrat(e)s prêt(e)s à exercer.

Et c’est à découvrir dans un article suivant

From ENM, with love


17 réflexions sur “Le déroulement de la scolarité à l’ENM (1)

  1. Je te cite : « Nous quittons ensuite nos appartements bordelais et notre vie d’auditeurs… » Ah oui tiens c’est vrai, qui dit 31 mois de formation dit forcément appartement. Peut-on avoir quelques précisions sur le logement des auditeurs, ont-ils de bons tuyaux pour se loger facilement, existe-t-il des logements réservés, faudra-t-il parcourir LeBonCoin et tomber sur un proprio exigeant des cautionnaires venus de l’espace ? Lors des nombreux stages hors Bordeaux, là aussi il faut se loger, donc double loyer ?
    Merci d’éclairer ce détail qui a je pense de quoi stresser les futurs arrivants 🙂

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  2. Bonjour,

    Je me permets de répondre au moins partiellement à Pier ; l’ENM propose une plateforme en ligne nommée « Studapart » afin de mettre en relation les auditeurs et des propriétaires bordelais, néanmoins l’offre sur ce site est bien inférieure à la demande, et elle est aussi très inégale en terme de rapport qualité / prix.

    Si certains ont la chance d’y trouver la perle rare (et il faut s’y prendre dès l’instant où vous obtenez vos identifiants), beaucoup parmi nous ont du se tourner vers les réseaux sociaux et des sites comme LeBonCoin pour trouver son petit toit. Grâce aux vacances d’août, beaucoup ont trouvé une sous-location le temps de juin/juillet et vont profiter de leur présence à Bordeaux pour démarrer un bail en septembre.

    Il me semble qu’au « pire » des cas, la plateforme Studapart permet aux auditeurs d’avoir des places réservées dans les résidences étudiantes, c’est du moins ce qu’un interlocuteur sur ce site m’a affirmé. Elles sont un peu éloignées de l’école mais c’est toujours mieux que rien.

    Hélas lors des stages hors Bordeaux il faut également se loger. Beaucoup, moi y compris, vont tout simplement donner congé afin de quitter l’hébergement bordelais en mars 2020, début du stage juridictionnel, histoire de ne pas trop cumuler.

    Je ne cache pas que l’hébergement est un stress pour beaucoup et que ça a un peu pesé sur notre début de scolarité et sur le stage avocat pour les moins chanceux. Mais finalement, tout le monde s’en sort !

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    1. Merci Anaïs pour cette réponse plus que complète! Oui, c’est le souci majeur de la scolarité à l’ENM, vivre comme un(e) nomade entre vingt-cinq appartements différents… mais le statut d’auditeur permet d’obtenir assez facilement le logement que l’on souhaite.

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  3. Petite question supplémentaire qui se rapproche de celle de Pier, à quel moment est-ce que vous déménagez à Bordeaux? dès janvier de l’année des concours +1, ou uniquement lorsque les cours commencent (donc juin/juillet, ou septembre) ? Personnellement, je serais PACSÉE au moment d’entrer à l’école, et je me demande comment organiser le déménagement avec mon partenaire (notamment est-ce qu’il est utile de chambouler toute notre vie, ou est-ce que je vais ensuite devoir revenir dans notre ville de départ pour le stage en juridiction de toute façon…). C’est un grand stress pour moi actuellement, parce que les relations longue distance non merci… Désolé de raconter ma vie, mais si quelqu’un a des idées de comment organiser cela au mieux, je suis toute ouïe!

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    1. Bonjour Isabelle! Je vais le préciser plus clairement dans l’article, mais nous devons être présents à Bordeaux (en gros):
      – Année 1 : de janvier à mi-février ; de début juin à fin juillet ; de début septembre à fin février (année 2)
      – Année 2 : stage juridictionnel (pas forcément dans la ville de départ, malheureusement…)
      – Année 3 : divers examens et stages, qui supposent de prendre une location de courte durée ou un hôtel en janvier-février ; puis les semaines de choix des postes et la préaffectation.

      Nous rendons généralement nos appartements à chaque fin de scolarité à Bordeaux : ça permet de découvrir la ville, l’immobilier et on devient expert(e) en baux d’habitation! Dans tous les cas, il faut savoir que la mobilité géographique fait partie du jeu et que des périodes d’éloignement temporaires sont à prévoir (inutile de faire déménager ton partenaire pour deux ou trois mois). Il y a beaucoup d’auditeurs/trices mariés, pacsés ou concubins de longue date, souvent avec enfants en bas âge : oui, devenir magistrat(e) comporte une part de sacrifice! En espérant t’avoir un peu éclairée sur la question et pas trop découragée (je préfère être honnête !).

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  4. Bonjour FromEnmWithLove,

    Tout d’abord merci pour ce blog fort enrichissant que je n’ai cessé de recommander à mon entourage s’intéressant de près ou de la loin à la magistrature. Je viens de passer le concours cette année et il a été une vraie mine d’or pour moi.

    J’avais une question sur les différents stages qui sont réalisés durant la scolarité ENM. Il est précisé dans l’article que les auditeurs sont envoyés partout en France « sur la base d’une liste de vœux formulés par chacun ».
    De ce fait j’aurais aimé savoir s’il est possible de réaliser les stages dans une même zone géographique ou, au contraire, si l’école encourage les auditeurs à se rendre dans des lieux qu’ils ne connaissent pas.
    De même, si un auditeur décide de réaliser un stage quelconque dans une ville, pourra-t-il revenir pour un autre stage dans ce même endroit (ou pas loin) ?

    Merci d’avance pour la réponse et surtout, merci encore pour ce blog.

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    1. Bonjour Alexandre et merci à toi, je suis ravi(e) si mes modestes articles ont pu être utiles à ta préparation!

      Les stages en immersion et en cabinet d’avocat sont répartis par la direction de l’école, qui n’a aucun regard sur les vœux émis librement par les auditeurs : chacun est libre de demander à effectuer son stage où il le souhaite, sans avoir à justifier d’une quelconque raison. En revanche, les stages juridictionnel et pénitentiaire sont répartis par les délégués, là encore sur la base d’une liste de vœux, et l’école n’intervient pas dans le processus. Par conséquent, il est tout à fait possible de faire tous ses stages dans le même coin, sous réserve que l’endroit en question ne soit pas trop demandé (sud-est, région parisienne et lyonnaise…). Bon courage à toi pour la suite des épreuves!

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  5. Bonjour !

    Je souhaite vous remercier énormément pour les précieux conseils donnés !
    Etudiant en droit, je n’arrive malheureusement pas à décrocher un stage en juridiction, c’est un dommage. Ainsi, puisque vous êtes auditeur (trice) de justice, vous pourriez peut-être me répondre ??
    Après un entretien avec un magistrat, je souhaiterai avoir confirmation (ou non) de ces affirmations :
    – Une semaine de travail tourne autour des 55-60heures/semaine dont permanence le week-end ?
    -Est-ce vraiment un métier « gratte-papier » en grande majorité (rédaction, réquisition, administratif, textes de jurisprudence, décortication des lois…) ?

    Cordialement,
    Un étudiant rêveur

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    1. Bonjour cher étudiant rêveur!

      Je reconnais bien là le ton de certain(e)s magistrat(e)s qui aiment bien donner la frousse aux nouveaux arrivants potentiels. Sur les horaires de travail, c’est très variable en fonction du poste occupé et de la juridiction, ainsi que de l’état du cabinet récupéré (nombre de dossiers en stock). La plupart des magistrats de ma juridiction pratiquent le 9h-18h30/19h, avec pause d’une heure et demie le midi. La permanence ne concerne que le parquet, et de manière plus marginale certaines fonctions de cabinet (instruction, JAP…). Après la prise de poste, les jeunes magistrats sont souvent rapidement débordés et bossent par conséquent très dur, mais parviennent rapidement à gagner en productivité et à mieux s’organiser. En somme, je pense qu’on est plutôt autour de 45-50 heures/semaine en moyenne, mais là encore, c’est extrêmement variable en fonction de tous les facteurs précités.

      Sur le caractère « gratte-papier », là encore, cela dépend fortement de la fonction occupée, mais globalement, oui, c’est un métier qui comprend une large part de rédaction et de « l’administratif ». Dans les fonctions civiles, où le temps d’audience est très réduit, on passe ses journées devant un ordinateur à rédiger des ordonnances et des jugements. Un JAF aura deux ou trois audiences par semaines, puis rédigera également les différentes décisions. Toutes les autres fonctions alternent entre temps d’audience (avec préparation préalable) et temps de rédaction ensuite. Malheureusement, dans le flux quotidien des dossiers, les magistrats manquent de temps pour maintenir un suivi régulier de l’actualité judiciaire et juridique : on passe relativement peu de temps à « faire du droit » (à l’exception des civilistes). Quant aux réquisitions des parquetiers, c’est justement l’opposé du « gratte-papier » : un des derniers repaires de l’oralité dans la procédure pénale!

      Bon courage à toi pour obtenir un stage en juridiction (as-tu lu mon article sur la question ?).

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  6. Bonjour (et merci pour ce blog tres instructif😊)
    j envisage de passer le concours enm en reconversion et ton article presente tout le noeud du problème pour moi. ..du coup je vais poser une question -piège :certains ont ils tenté l expérience de faire paris-bordeaux tous les jours?
    est-ce viable ?😦

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    1. Bonjour Jeanne!

      La question des déplacements est la plus problématique, notamment pour les chargé.e.s de famille… Malheureusement, faire Paris-Bordeaux tous les jours est totalement impossible. Au niveau des horaires tout d’abord, car cela ruinerait à coup sûr ta scolarité, mais aussi au niveau du coût des trajets… L’école exige en outre que chaque auditeur dispose d’un logement à Bordeaux. La plupart des auditeurs repart le weekend vers Paris ou ailleurs, pour un retour le dimanche soir ou éventuellement le lundi matin (pour les lève-tôt) !

      Bonne poursuite de reconversion à toi!

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  7. Bonjour !

    J’ai une question relative au logement: étant donné que l’auditeur de justice passe la moitié de sa scolarité en stage (donc pas à Bordeaux) est ce que l’école impose quand même que, dès la prestation de serment, les auditeurs aient un logement sur la ville ?

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    1. Bonjour Abou!

      Une réponse extrêmement tardive à ton message, en raison des aléas de la prise de poste… L’école n’impose rien, en soi, mais il faut en effet disposer d’un logement à Bordeaux durant les périodes de scolarité. Concrètement, personne ne te demandera jamais de produire une quittance de loyer ou quoi que ce soit : chacun.e se débrouille parfaitement comme il/elle veut! Mais il n’y a guère d’autres moyens que de séjourner à Bordeaux la semaine, en louant quelque chose ou en crèchant chez un.e camarade… Bonne préparation à toi!

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  8. Bonjour et merci pour toutes ces informations c’est très utile.
    Voilà j’ai un problème et pas des moindres.
    J’ai envie de passer le concours mais j’ai peur que la charge de travail une fois magistrat ne soit trop grande.
    Clairement au dessus de 50h par semaine je pense que je ne le supporterais pas.
    Peux tu me dire comment cela se passer de ton côté et également du côté de tes collègues magistrats.
    Merci à toi.

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    1. Bonjour Baptiste! En effet, et ce n’est un secret pour personne, la charge de travail des magistrat.e.s est souvent très importante dans un contexte de sous-effectif chronique et de manque de moyens généralisé. Les magistrat.e.s ne sont pas soumis.es au régime des 35 heures, au regard de leur statut : « tant qu’il y a du boulot à faire, il faut le faire ». Tout dépend donc des capacités d’organisation et de la productivité de tout un chacun : la plupart s’en sort correctement, sur la base d’un 9h-19h les cinq jours ouvrables, mais d’autres courent sans cesse après le temps et doivent malheureusement travailler parfois le soir à la maison, voire les week-ends. A savoir aussi, le travail en dehors des heures de bureau et le week-end est presque impossible à éviter lors de sa première année de fonction, mais une fois les « réglages » effectués, on parvient à adopter un rythme soutenable sur le long terme. Enfin, les magistrat.e.s du parquet sont ceux dont les horaires sont les plus « contraints » (permanences, télétravail quasi-impossible), quoique pas nécessairement les plus longs, tandis que les juges civilistes disposent d’une marge de manœuvre plus importante pour s’organiser…

      Voilà en somme sur la question du temps du travail, à laquelle j’espère pouvoir un jour consacrer un article… Bonne réflexion à toi et bonne continuation!

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  9. Bonjour. Je désirerais connaître les horaires lors des cours dispensés a l’ENM Bordeaux , y a t il des cours complémentaires facultatifs après les cours « normaux «  Je vous remercie

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