La réforme du concours de l’ENM

Salut à tous/toutes !

On l’attendait avec impatience, cette réforme, surtout les futur(e)s candidat(e)s qui prévoient de se lancer d’ici l’année prochaine ! Aussi nouveau que le Beaujolais du troisième jeudi de novembre, et sans doute aussi gouleyant et réjouissant pour les papilles : je vous présente le nouveau concours d’entrée à l’École nationale de la magistrature.

« On imaginait quelques modifications, et ce fut une révolution », aurait pu déclarer Victor Hugo. Le constat était sans appel et émanait tant des magistrat(e)s que des auditeurs/trices de justice, sans parler des forçat(e) de la prépa qui ont un jour eu à se frotter aux épreuves du concours de l’ENM. Liste non exhaustive :

  • un nombre d’épreuves trop important, qui rend le concours « lourd » à organiser et à corriger, mais surtout à préparer et passer ;
  • des épreuves trop courtes, sur ou sous-coefficientées ;
  • l’étrangeté d’une épreuve écrite lors de l’admission (la note de synthèse) ;
  • le caractère potentiellement discriminatoire de l’épreuve d’anglais, dénoncé d’année en année par le jury ;
  • surtout, des oraux techniques avec un programme dantesque qui poussait les valeureux admissibles dans les bras réconfortants du bachotage.

Un groupe de réflexion mêlant la Direction des services judiciaires (DSJ) et l’ENM a ainsi engagé depuis 2017 le vaste chantier de la réforme du concours d’entrée à l’école. Une grande philosophie sous-tend cette volonté d’évolution : le souhait de faciliter l’accès à la magistrature des professionnels en reconversion, qui ont massivement déserté les 2ème et 3ème concours, jugés trop complexes à préparer en parallèle d’un emploi (et bien souvent d’une vie familiale). Selon moi, il y en a une seconde, un peu moins avouable : l’envie de remettre à leur place les prépas privées, et accessoirement les sciencepistes et non-juristes en tous genres.

Voici donc un petit article bref sur la réforme du concours de l’ENM, écrit en hâte pour vous donner mon sentiment à chaud. Les projets de décrets et d’arrêtés modificatifs sont encore dans les tuyaux, et c’est donc en avant-première mondiale que je vais vous décrire épreuve par épreuve à quoi le concours de l’ENM va ressembler dès l’année 2019-2020. Petit spoiler : dans l’ensemble, il s’agit d’une très bonne réforme qui devrait rendre le concours plus « humain » et donc encore plus accessible, même si les non-juristes en font les frais.

Plus d’informations sur la réforme du concours ici, sur le site de l’École nationale de la magistrature.

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« Aouch, celle-là elle fait mal », se dit le non-juriste. Oui, les non-juristes ressemblent à Marlon Brando.


Les nouvelles épreuves écrites du concours de l’ENM

De six épreuves écrites répartis sur cinq jours (du lundi au vendredi), avec un coefficient total de 15 points, on passe désormais à cinq épreuves, toujours sur cinq jours, avec un coefficient total augmenté de 17 points. Les programmes connaissent eux aussi une évolution dans certaines matières, mais celle-ci reste à déterminer précisément. Je vous préciserai matière par matière ce qui déjà d’ores et déjà été indiqué, tout en sachant que ce n’est pas à prendre pour argent comptant.

1 – La culture générale

L’épreuve ne connaît pas d’évolution majeure, à l’exception de l’abaissement de son coefficient de 5 à 4. Cela semble anecdotique, mais c’est extrêmement fort symboliquement : la culture gé a désormais le même poids dans la note finale que la nouvelle épreuve juridique (je ne spoile pas !). Il s’agit d’une revendication de longue date de nombreux professionnels du droit, qui s’étonnaient que l’épreuve-reine du concours ne soit pas une dissertation juridique.

Je trouve cela assez dommage, au final : la profession a selon moi davantage besoin d’esprits libres et de bonnes plumes, d’humanistes connaisseurs des sciences humaines et sociales, des arts et lettres, que de « simples » bons juristes. Bon, j’avoue, c’est surtout que c’était là où les non-juristes pouvaient « faire leurs points » !

2 – La dissertation juridique (civil/pénal)

C’est la vraie révolution issue de la réforme. Alors que les candidat(e)s planchaient jusqu’alors sur deux dissertations juridiques, et deux cas pratiques, ils n’auront plus qu’une seule dissertation juridique, et un cas pratique à réaliser.

La dissertation portera soit sur un sujet de droit ou procédure civile, soit de droit ou procédure pénale. Le coefficient de l’épreuve passe de 3 à 4, pour s’aligner avec celui de la culture gé. Les 2ème et 3ème concours, bien chanceux, en seront dispensés et ne plancheront que sur deux cas pratiques !

Je ne sais pas trop quoi penser de cela. Sur le plan des révisions, il serait suicidaire de tenter une impasse en jouant à Madame Irma pour deviner quelle matière va tomber. La difficulté est que les candidat(e)s ayant une faiblesse en droit civil ou en droit pénal n’auront plus de seconde épreuve juridique pour éventuellement se rattraper. Cela dit, ne boudons pas notre plaisir : cinq heures de dissertation pénibles viennent de s’envoler !

3 – Le cas pratique juridique

Accrochez-vous à votre chaise, surtout les non-juristes. Le coefficient du cas pratique – désormais unique – passe d’un modeste 1 à … 4 ! Cette valorisation nouvelle du cas pratique vise à permettre aux candidats de mettre en application leurs connaissances juridiques, en se rapprochant de l’examen du barreau.

La matière du cas pratique rédigé le lendemain sera celle qui n’est pas tombée en dissertation. La durée de l’épreuve, jadis de deux courtes heures, est portée à trois heures, pour laisser aux impétrants magistrats le soin de s’ébrouer joyeusement avec des actions en responsabilité contractuelle et en recherche de paternité.

Même si cette nouvelle fait trembler mon corps frêle de non-juriste, je dois reconnaître qu’il est légitime de valoriser davantage le cas pratique, épreuve-reine de la formation juridique à l’université. Je trouve cependant très contradictoire d’afficher une volonté de recruter des profils « différents » même au 1er concours, tout en quadruplant brutalement le coefficient du cas pratique et en baissant celui de la culture générale.

4 – Le droit public

Figurez-vous, chers lecteurs et lectrices, que la bonne vieille épreuve de droit public a bien failli valser. Finalement maintenue, elle est passées sous les bistouris pour subir un bon lifting. Elle en avait bien besoin : quiconque a déjà torché trois QRC en deux heures sur des sujets aussi larges qu’un cheveu fendu en deux saura de quoi je parle.

Désormais, les candidat(e)s composeront non plus en deux heures, mais en trois heures, et ce sur deux « mini-dissertations ». Le coefficient est maintenu à 2. Le programme sera recentré sur « l’organisation de l’État et de la justice, et les libertés publiques ». Comprendre par là que, comme c’était déjà le cas en pratique : bye bye le droit administratif bien velu avec ses kilos d’arrêts. La réforme de l’épreuve de droit public était attendue, nécessaire et inévitable : au nom de tous les forçat(e)s passés, présents et futurs, bravo et merci.

Pour les 2e et 3e concours, décidément gâtés : l’épreuve devient l’un des oraux techniques !

5 – La note de synthèse

Last but not least, cerise sur le gâteau, finissons en beauté avec la note de synthèse, qui retrouve sa place parmi les épreuves d’admissibilité. Le coefficient est ramené de 4 à 3, ce qui est une très bonne chose dans la mesure où il s’agissait de l’épreuve à la notation la plus aléatoire. En termes de préparation, cela ne change pas grand chose car il était déjà d’usage de s’exercer à cette énigme dès la préparation des écrits.

« Les programmes seront revus pour se recentrer davantage sur les savoirs fondamentaux et la dimension européenne ».

Tout un programme.


Les nouvelles épreuves orales du concours de l’ENM

1 – Le grand oral

A tout seigneur, tout honneur : la mise en situation et l’entretien avec le jury demeurent fièrement droits dans leurs bottes, indéboulonnables, auréolés de leur coefficient 6.

2 – Les oraux techniques

Les larmes me sont montées en repensant aux heures passées à engloutir des manuels pour les épreuves d’admission, en sniffant des huiles essentielles anti-stress. Pas de changement de format (cinq minutes de préparation…), malheureusement, ni de coefficient.

Mais une énorme nouveauté : les candidat(e)s auront désormais le choix entre deux, voire trois sujets pour chacun des oraux techniques !

  • choix entre un sujet de droit social et de droit commercial ;
  • choix entre un sujet de droit international privé, de droit européen, et de droit administratif ;

Vous n’avez pas halluciné : les publicistes et autres disciples de Jean-Marc Sauvé vont pouvoir se régaler avec l’ajout d’un sujet de droit administratif au menu d’une épreuve orale. Celle-ci devrait être du bon gros droit administratif des familles, en revanche : de quoi envoyer la semoule.

Pour les 2e et 3e concours : les deux zorros techniques porteront sur le droit public et sur un choix entre droit commercial et droit social.

3 – The épreuve d’anglais

La question posée était celle du caractère discriminant de la maîtrise de la langue anglaise, que certain(e)s ont acquise pour des raisons familiales ou un séjour prolongé à l’étranger. C’est un débat sans fin, impossible à trancher : dans le doute, le coefficient a été ramené de 3 à 2. Les 2e et 3e concours auront même le choix de se dispenser de speak english with the jury s’ils le souhaitent.

4 – Langue facultative

Petite retouche, qui va demander un peu de concentration : auparavant, l’épreuve avait un coefficient 2, dans la limite des points entre 10 et 15, soit un butin maximal de dix points. Désormais, le coefficient sera de 1, et prendra en compte les points de 10 à 20, ce qui avantagera un peu ceux qui auront une excellente note. Dans la mesure où il est plus « facile » d’avoir 14 que 19. Vous m’avez suivi(e) ?

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Le doux sentiment de la réforme bien faite.


Pour résumer le fond de ma pensée : la réforme du concours d’entrée à l’ENM est une bonne, voire une très bonne nouvelle. Le concours se recentre sur l’essentiel, et perd son côté « marathon » qui en faisait une sorte de version juridique de Koh-Lanta.

A la clé, sans doute moins d’anxiété et des souffrances psychologiques en prépa, avec leur lot d’abandons et de burn-outs. L’objectif de rendre plus accessible le concours, notamment aux professionnels, sera probablement atteint à court terme. Par ailleurs, la suppression d’une bonne dose d’aléa rendra encore davantage justice au travail et à la régularité dans la préparation. Les seul(e)s perdant(e)s – car il fallait bien qu’il y en ait ! – sont les non-juristes, qui vont devoir redoubler d’efforts pour percer les secrets du cas pratique.

Ah si, un(e) autre perdant(e) : l’auteur(e) de ces lignes, qui va devoir s’adapter progressivement aux exigences de ce nouveau concours! Les conseils de méthode et de travail demeurent bien sûr les mêmes, et la plupart de mes articles ne seront j’espère pas caduques du jour au lendemain, mais certains nécessiteront une réfection, voire une réécriture totale.

Dans tous les cas, avec cette réforme du concours, plus que jamais, toutes les raisons sont bonnes de vouloir devenir magistrat(e) et de se lancer dans l’aventure !

From ENM, with love


47 réflexions sur “La réforme du concours de l’ENM

  1. Bonjour!
    Merci beaucoup pour toutes ces infos si précieuses!!!
    Je passerai le 2ème concours en 2020. Si je vous ai bien lu, pas du tout de dissertation juridique au 2ème concours?! Je suis dégoûtée car c’est mon point fort…
    Pour la culture G, je suis tout à fait d’accord avec vous. Elle me semble essentielle pour le métier.
    A bientôt,
    Anne

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    1. Bonjour Anne!

      Je réponds à tes deux commentaires en même temps : oui, pas de dissertation juridique pour le 2ème concours mais deux cas pratiques. Et ton récapitulatif est juste, à ceci près que – si j’ai bien compris -, le 2ème concours n’aura pas le choix entre DIP, DE et public à l’oral technique, mais aura un sujet de droit administratif. J’insiste bien sur droit administratif, parce qu’a priori le droit constitutionnel et les libertés publiques seront exclues. Des précisions seront sans doute apportées dans les mois qui viennent! Bonne préparation à toi Anne!

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      1. Merci pour votre précision!!! Je suis en plein apprentissage du droit administratif et savoir qu’il va être essentiel au concours change la donne!
        Du coup, pas de DE et de DIP pour le 2ème concours?!!!!!!!!
        A bientôt!
        Anne

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  2. En résumé pour le 2ème concours, il y aura:

    1) admissibilité:
    – culture G
    – cas pratique 1
    – cas pratique 2
    – note de synthèse

    C’est bien ça?
    Si j’ai bien lu:
    – pas de dissertations juridiques ?! 😦
    – pas de droit public à l’écrit ?! (épreuve à l’oral) 😦

    2) admission:
    – MES + entretien indiv
    – oral tech dr publ (DE, DIP, DA)
    – oral tech dr soc/commerc
    – anglais facultatif
    – autre lg viv facultative.

    Merci à vous!
    Anne

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  3. Bonjour,
    Je vous remercie beaucoup pour toutes ces précisions. A tout hasard, je serai intéressée de savoir s’il existe des modifications pour l’âge minimum pour le concours complémentaire. Si vous n’en parlez pas, c’est que tel n’est pas le cas, mais sait-on jamais… bonne journée en tous cas et encore merci !

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    1. Bonjour Marion!

      Tu as fait une bonne déduction : ce n’est pas le cas! La réforme n’a l’air de porter que sur les trois premiers concours, et non sur le concours complémentaire. J’en informerai bien sûr les lecteurs et lectrices si j’avais des informations dans ce sens! Bonne journée à toi aussi!

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  4. Bonjour!

    Merci pour ses informations, non accessibles au public.

    Savez-vous s’il sera toujours possible de passer le concours 3 fois par concours d’accès?

    En vous remerciant,

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    1. Bonjour Sabrina!

      Pas de nouvelles, bonne nouvelle, comme on dit! Rien n’a été dit à ce sujet, donc j’en conclus que rien n’a changé de ce côté-là! Je ne manquerai pas de vous en informer si j’avais des informations là-dessus… Bonne journée à toi!

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  5. Bonsoir,

    Merci beaucoup pour toutes ces précisions supplémentaires et votre réaction à chaud. Devant passer le concours justement en 2020, je ne peux qu’être soulagée devant cette réforme et l’allégement des révisions, notamment pour les oraux !! J’espère que ce sera une bonne chose pour nous.

    Bonne soirée.

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  6. Bonjour,

    Comme d’habitude, article pertinent de qualité.

    Peu soulagée par la réforme et ses ambitions elles- mêmes… J’ai certes une formation juridique mais beaucoup à revoir, tant les études universitaires sont vastes, générales et ne sont pas pas forcément gages de l’expertise juridique attendue à ce type de concours -encore plus avec cette réforme. Je comptais optimiser la préparation en CG et y gagner des points.

    Enfin, il ne faut pas se décourager , il faut rester motivé et focalisé.

    Je pense que vos articles – d’une grande richesse – auront encore un grand intérêt en ce qu’ils constituent une vraie pédagogie, une aide précieuse de qualité, exclusive sur la toile.

    Je profite aussi pour vous demander à quel moment de la préparation dois-je acheter les codes. Dans un de vos articles vous conseilliez de toujours travailler (apprentissage sur les polycopiés ou rédaction des devoirs) avec ces derniers sous la main. Cela veut sans doute dire qu’il vaut mieux les acheter dès le début de sa préparation. Faut-il le faire pour toutes les matières? Vu l’investissement que cela représente, il y a t-il des astuces. Surtout qu’une bonne utilisation des codes se fait avec des codes à jour normalement?

    Merci pour l’aide apportée .

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    1. Bonjour Flora et merci de tes généreux compliments!

      Sur la question des codes, tout d’abord, je compte écrire un article spécifique sur la question! Mais tu as le droit à quelques spoilers, étant donné sa place dans ma to-do list. Je conseille en effet de bien se familiariser avec les codes, pour éviter de les « découvrir » le jour des épreuves. C’est notamment vrai pour le code pénal et le code civil. A moins que tu ne comptes pas te présenter le jour de l’épreuve avec tes propres codes, autant les acheter dès le départ, pour que tu puisses les surligner et te les approprier.

      Maintenant, si la somme à débourser pour les quatre codes t’apparaît trop importante, tu disposes d’une solution tout à fait viable : travailler durant tes révisions avec Légifrance (ou encore Dalloz.fr, etc., si tu as un abonnement), et emprunter des codes dans une bibliothèque le jour des devoirs et des épreuves. Clairement, ce sera un peu contraignant, mais cela t’évitera d’avoir à les acheter. Quant à l’édition à utiliser, le CPC et le code pénal n’ont pas besoin d’être de l’année, sauf si tu identifies un changement majeur dans la législation cette année-là. Le CPP doit en revanche l’être, en raison du caractère bien plus mouvant de la procédure pénale. Quant au code civil, la « réforme de la réforme des obligations » vient d’avoir lieu et impose le changement de code…

      Bonne préparation à toi!

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  7. Bonjour!

    Je comprends qu’on interroge les fonctionnaires sur le droit administratif (bien que dans mon univers personne n’en a de notions à l’exception du service juridique).
    Mais le DE et le DIP sont quand même plus importants pour un magistrat judiciaire! Ne pas évaluer les futurs magistrats quelle que soit leur provenance m’interroge.

    On va attendre…

    Bonne journée!

    Anne

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  8. Bonjour FEWL !

    Enfin une réforme (!), même si elle ne va pas assez loin.

    Le 1er concours devrait être réservé aux étudiants ayant suivi un cursus juridique à la fac, de la L1 au M1. Je comprends qu’il faille diversifier les profils, mais je pense que c’est le rôle du 2e et 3e concours, ainsi que du concours complémentaire. Je comprends également que se projeter dans le futur au moment de son orientation est difficile, mais accepterions-nous d’être soignés par des personnes n’ayant pas suivi un cursus médical ? Il est certes possible d’engloutir les connaissances juridiques nécessaires à l’exercice des fonctions de magistrat, mais à quoi bon avoir des facultés de droit alors ? Personnellement, je trouve injuste que des étudiants n’ayant pas suivi de cursus juridique puisse prétendre et réussir un concours qui permet d’accéder à des fonctions qui, par essence, sont juridiques (même si être magistrat ce n’est pas que du droit). J’accueille donc cette réforme avec beaucoup d’enthousiasme. Il était indécent que l’épreuve la plus coefficientée soit celle de la dissertation de culture générale qui avantage clairement les étudiants sortis de SciencesPo/IEP, ou que le cas pratique soit si faiblement coefficienté alors qu’il s’agit de l’épreuve permettant de montrer sa maitrise du raisonnement juridique (sans compter que les étudiants en droit en font depuis la L1!).

    Réserver le 1er concours aux étudiants ayant suivi un cursus juridique à la faculté permettrait aussi de redonner toute sa place aux IEJ, et de se débarasser des prépas privées qui sont une offense à la méritocratie en avantageant certains en raison de l’argent qu’ils déboursent (même si elles ne sont pas uniquement fréquentées par des gosses de riches).

    Petite précision, j’ai effectué 3 ans en IEP, avant de me réorienter en droit, depuis la L1, jusqu’à maintenant la L3.

    Un futur magistrat 🙂

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    1. Bonjour cher futur magistrat, sans doute auditeur de justice si je lis bien entre les lignes!

      Tu te doutes sans doute, à la lecture de mon blog, que je défends une conception différente du concours et du métier de magistrat. Pour moi, il est fondamental d’offrir un accès le plus large possible au 1er concours à tous les étudiants de bonne volonté, juristes ou non, parce que la formation à l’ENM apporte 99% de ce qui fera de nous un(e) bon(ne) magistrat(e). Tous les compteurs sont remis à zéro à l’école, et je rappelle que près de 100 intégrés au titre de l’article 18-1 (pas nécessairement juristes) s’ajoutent aux étudiants recrutés sur concours. Denombreux magistrats ne passent pas par l’école (intégration directe), et d’autres très rapidement (concours complémentaire).

      Très franchement, je trouve qu’on apprend tellement à l’école, et encore tellement plus lors du stage juridictionnel, qu’avoir fait un an de droit, ou trois, ou cinq, ou même autre chose, n’a que très peu d’importance. Et les facs de droit ne manqueront pas de débouchés, loin de là : l’avocature, le conseil juridique etc. continueront toujours à recruter! J’ajoute qu’à vue de nez, dans ma promo, les « purs » sciencespistes (c’est-à-dire ceux qui n’ont pas effectué de formation en droit privé) doivent être tout au plus dix à quinze à intégrer par le 1er concours… Rien qui ne menace donc la suprématie des juristes sur le concours! Et c’est pour cela que je trouve très dommageable le message envoyé au travers de cette réforme…

      Quant à redonner leur place aux IEJ, à mon sens, ce serait trop facile de leur faire le cadeau de réserver le 1er concours aux juristes, alors qu’elles ont pour certaines totalement failli à leur mission, par manque de moyens en partie, mais aussi souvent par mécompréhension des attendus du concours, voire franche désinvolture… Si les prépas privées se sont imposées si rapidement, c’est bien qu’il y a un problème quelque part. Aux IEJ de relever le défi et de proposer un contenu à la hauteur de celui que proposent les prépas privées!

      Bonne scolarité à toi futur magistrat (ou bonne fin de stage juridictionnel si nous sommes camarades de promotion !)

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  9. Court commentaire pour faire part de mon avis sur la réforme. Si le concours semble être plus léger et plus humain, je crains que les correcteurs et les jurys des oraux ne soient que plus exigeants – et c’est normal -. Laisser le choix d’une matière aux candidats autorisent légitiment à en attendre plus, lors des oraux techniques, que de connaître les bases de la matière. S’agissant des écrits, le fait de ne pas connaître à l’avance la matière sur laquelle on va plancher constitue une source de stress supplémentaire (avis très subjectif). Enfin, la hausse du coef du cas pratique peut effrayer, notamment s’il s’agit de civil : le sujet pourra être encore plus tordu qu’il ne l’est maintenant.

    Je trouve ainsi la réforme positive, mais seulement en apparence. Méfiance méfiance….

    Merci pour ce blog toujours très instructif !

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    1. Bonsoir LawWdeFrance!

      Je suis en partie d’accord avec toi, notamment sur l’aléa quant à la matière des écrits, qui peut être source de stress supplémentaire. Sur les oraux techniques, très franchement, depuis quelques années, les sujets vont parfois dans un tel niveau de technicité que je me demande comment on pourrait aggraver les choses! Je pense que cela ne changera pas grand chose à la notation, et que le niveau général des prestations n’en sera qu’amélioré. Et sur la hausse du cas pratique, je ne vois pas pourquoi le sujet serait plus tordu du fait de cette hausse, d’autant plus que les candidats ignoreront s’il s’agit de civil ou de pénal ; ce qui devrait inciter les rédacteurs du sujet à la modération… Merci de tes compliments et d’avoir exprimé ton avis sur la question!

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  10. Bonjour,
    Je suis actuellement en M1 Carrières Judiciaires et j’envisage fortement de passer l’ENM après de gros doutes quant à la difficulté du concours. J’admets que cette réforme me rassure et m’encourage davantage. Toutefois, étant auditeur/auditrice de justice, que pensez-vous de préparer le concours seulement après un M1 ?

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    1. Bonjour Charlène!

      C’est une question qui m’est très fréquemment posée, si bien que je devrais songer à écrire un petit article sur la question… Tout d’abord, ravi(e) de lire que tu comptes t’engager dans la préparation du concours! Quant à le préparer dès la fin du M1, je n’y vois rien de problématique sur le plan des connaissances si tu comptes suivre une prépa : les polycopiés et les cours intensifs que tu suivras te prépareront de la même manière, que tu aies un M2 ou non. C’est juste qu’il te faudra cumuler le M2 et la prépa, ce qui peut s’avérer chronophage et compliqué. Abandonner le master pour se concentrer sur le concours est assez risqué par ailleurs, car en cas de non-réussite, tu n’auras pas validé le master. A toi de trancher, mais il est assez fréquent de rencontrer des auditeurs qui ont intégré en faisant un M2 en parallèle de la prépa, Dernière chose : j’ai vu passer la statistique sur le nombre d’auditeurs titulaires uniquement d’un M1, et que je crois qu’il n’y en a qu’un ou deux sur 344… Voilà, en espérant t’avoir informée au mieux, je te souhaite une bonne future préparation et un bon M2 (ou pas) !

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  11. Bonsoir From enm with love!
    Merci pour cet article sur la réforme ! J’envisageais de passer le concours l’année prochaine en étant non juriste (avec juste un Master dans un IEP), et la réforme me fait beaucoup douter…
    Déjà, au niveau des connaissances.. Penses-tu que les nouveaux coefficients (notamment concernant le cas pratique) laissent leur chance à quelqu’un qui est « débutant » en droit pénal et droit civil ?
    Mais c’est surtout à vrai dire l’objectif poursuivi par la réforme qui m’inquiète, dans l’optique du grand oral notamment (bon si j’arrive jusque là hein). Je me demande si le message envoyé par l’école n’est pas celui d’une réticence à recruter des non-juristes, qui pourrait être également celui porté par le jury lors du grand oral. Disons que je n’ai pas envie de me lancer dans une telle aventure si c’est perdu d’avance parce que la politique de l’école est maintenant de limiter le recrutement des non-juristes, notamment lors du 1er concours. Qu’en penses-tu ? 🙂
    Je te remercie !
    Bonnes fêtes

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    1. Bonjour Loula, et mille excuses pour ce retard honteux de 25 jours!

      Alors, concernant les nouveaux coefficients, il est vrai qu’ils vont rendre la tâche un peu plus difficile a priori aux débutants en droit, mais pas impossible non plus : il faudra « simplement » se concentrer davantage sur le cas pratique, que les candidat(e)s avaient tendance – disons-le franchement – à bosser à peine durant leur préparation. La culture gé conserve un joli coefficient, fort heureusement, qui permet au concours de demeurer accessible à des personnes venues d’un IEP, sous réserve qu’ils suivent une bonne prépa et se donnent à fond!

      Quant au grand oral, une distinction s’impose : le jury du grand oral est indépendant et ne représente pas l’école, bien qu’il tienne des orientations de recrutement décidées par la direction de l’établissement. Certes, le « message » envoyé par la réforme va dans le sens contraire d’une ouverture aux non-juristes, mais il ne s’agit en aucun cas de fermer les écoutilles. A l’admissibilité, un nouveau concours commence : si tu as passé le premier tour, il ne te sera absolument pas tenu grief de ton parcours antérieur, que tu pourras au contraire valoriser… Bref, la réforme demande une petite adaptation aux non-juristes, mais tout à fait réalisable! Bon courage à toi et bonne préparation!

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  12. Bonjour FEWL et merci pour vos conseils !

    Savez vous à quel moment de l’année sont déterminés les sujets des écrits du 1er concours ?

    Pour les oraux je me pose une question par rapport aux jurys notamment pour les petits oraux ce sont en général des profs d’universités : que faire si le jury nous connait ?

    Merci pour votre patience envers vos futurs collègues 🙂

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    1. Bonjour Elo et merci à toi de ton intérêt pour le blog!

      A vrai dire, je n’en ai aucune idée et je ne voudrais pas contribuer à répandre des rumeurs à ce sujet! Mais j’imagine que c’est autour d’avril que l’on doit commencer à réfléchir à tout cela « là-haut »… Quant aux oraux, il y a généralement un prof d’université et un autre professionnel (magistrat ou autre). Les binômes des oraux techniques disposent de la liste des candidats du jour, et s’ils te connaissent à ton nom, ils pourront s’arranger pour te faire passer avec un autre jury. Si un membre du jury te reconnait au moment de l’oral, il peut « se déporter » à la manière d’un magistrat en audience, ou – le plus probable – passer sous silence ce point et faire comme si de rien n’était, pour éviter de tout désorganiser. Dans tous les cas, la probabilité que tu tombes sur un examinateur que tu connais est extrêmement faible, à moins que tu aies suivi six licences et quatre masters différents! Bon courage à toi pour ta préparation!

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  13. Bonsoir Fromenmwithlove,

    La réforme du concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature laisse présager une volonté certaine de faciliter l’accès à celle-ci aux concourants des 2ème et 3ème concours.
    Cependant, à mon grand regret, les non-juristes sont les grands oubliés de cette réforme !
    Dès lors, peut-on encore parler de « démocratiser » ou de «favoriser » l’égalité des chances d’accès à cette école pour les non-juristes ? Pas certain !
    Je donne un exemple pour étayer mon propos : la suppression de la dissertation juridique pour laisser place au cas pratique juridique.
    Ce dernier s’avère être un exercice bien plus complexe et difficile que la dissertation juridique.
    Dès lors, en toute sincérité, penses-tu qu’il est encore possible, voire même réalisable, de réussir ledit concours pour un non-juriste, y compris s’il s’inscrit dans un IEJ (ou prépa privée) ?
    Je te remercie par avance de ta réponse.
    Bien à toi,

    Benjamin.

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    1. Bonjour Benjamin!

      C’est exactement le sens de mon article : il y a une sorte de double discours, qui consiste à vanter l’ouverture de l’école aux profils différents de celui du juriste de l’université, mais à proposer une nouvelle mouture de concours qui valorise les épreuves traditionnelles permettant à celui-ci de briller. Le but étant, à mes yeux, d’éviter le fait que Sciences Po et d’autres puissent continuer à fournir des contingents d’admis. Pour autant, si la réforme rend la tâche un peu plus compliquée aux non-juristes, il sera encore tout à fait possible pour un non-juriste de réussir le concours, mais cela supposera de s’adapter aux nouvelles épreuves. Le cas pratique est plus « facile » que la dissertation selon moi, et un non-juriste peut aussi finir par briller dans cet exercice avec de l’entraînement. Et les prépas devraient très logiquement s’adapter et proposer du cas pratique à hautes doses! Bref, c’est un changement, certes, mais qui est aussi contrebalancé par un allègement du programme des oraux et d’autres choses qui permettront toujours aux non-juristes de tirer leur épingle du jeu! Bonne préparation à toi!

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      1. Merci de ta réponse, Fromenmwithlove.
        Un enseignant en droit, d’une préparation privée, m’a clairement fait comprendre qu’un non-juriste n’avait aucune chance de réussir le deuxième concours d’accès à l’ENM.
        Qui plus est, encore plus, au regard de la nouvelle réforme du concours.
        Il m’a conseillé de reprendre des études de droit (passerelles) par le biais du Cavej afin d’optimiser mes chances de réussite au concours.
        En toute sincérité, qu’en penses-tu ?
        Je t’en remercie par avance.
        Bien à toi,

        Benjamin.

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      2. Bonsoir Benjamin! En effet, même si j’essaie de répondre au plus grand nombre de messages, il arrive que certains échappent à ma vigilance…

        La sociologie de ma promotion fait mentir cet enseignant, probablement de grande valeur par ailleurs : plusieurs 2e concours ne sont pas juristes, ou n’ont pas fait de droit au sens strict depuis de nombreuses années. La réforme du concours complique un peu la donne, mais on repart tellement depuis la base de la base en classe préparatoire, que reprendre des études de droit me semble totalement inutile. Se farcir le droit romain, l’histoire du droit et la common law de L1, puis toutes les sous-branches du droit civil… Le rapport « temps et efforts investis-compétences en vue du concours » me semble très faible. En découvrant le droit par soi-même, grâce à des manuels accessibles (voir mes articles sur la question), tu peux acquérir en quelques mois les bases nécessaires pour arriver à suivre parfaitement en classe préparatoire. Voilà mon sentiment sur la question!

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      3. Merci de ta réponse, Fromenmwithlove.
        Je prends bonne note de celle-ci.
        Une nouvelle fois, un grand merci à toi de ta disponibilité à l’égard des lecteurs/lectrices de ce blog.

        Bien à toi,

        Benjamin.

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  14. Bonjour,
    Tout d’abord, merci pour toutes ces informations très intéressantes.
    Un point me semble encore en suspens: avec la réforme, savez-vous si les compteurs du nombre de participation au concours vont être remis à zéro?
    D’avance merci pour votre retour,
    Bien à vous,
    Joséphine

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    1. Bonjour Joséphine! En effet, aucune précision n’a été donnée à ce sujet et je ne voudrais pas m’avancer, mais selon moi c’est à 99,9% sûr que les « compteurs de passage » ne seront pas remis à zéro : aucune autre réforme de concours de la fonction publique n’a jamais envisagé cela. Bonne préparation à toi et merci!

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  15. Bonsoir!

    réflexions à froid et à présent que le décret et le programme sont sortis, je trouve ce nouveau 2me concours très intéressant; un vrai challenge pour la non-juriste que je suis.

    Moins d’épreuves peut sembler plus aisé mais on n’aura encore moins le droit à l’erreur. Idem pour l’oral où le choix entre droit des affaires et droit social impliquera sans doute plus de rigueur dans les attentes, non?

    En outre, la place donnée aux cas pratiques me donnera – j’espère – une grande satisfaction si je réussis.

    Une question me taraude: selon vous, que doit-on comprendre du thème de « droit public » à l’oral de ce 2me concours? Le droit public interne stricto sensu (droit constit + droit admin) ou le droit public dans sa globalité?

    Merci à vous!!!

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    1. Bonjour Anne!

      Sur les attentes lors des oraux techniques, à mon avis, les attentes augmenteront peut-être un poil, mais le bénéfice tiré du fait d’avoir deux matières en moins à réviser surpasse largement cette probable (petite) montée des exigences, d’autant que les sujets pouvaient parfois être déjà assez techniques.

      Pour l’oral du 2ème concours, il s’agit d’une épreuve de droit public dans les formes de celle prévue à l’écrit pour le 1er concours (constitutionnel + administratif + libertés publiques), dans la mesure où elle remplace l’épreuve écrite actuelle. En revanche, pour le 1er concours, ce sera bien une épreuve de droit administratif uniquement! L’exercice promet d’être intéressant!

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  16. Hello petite question 🙂

    Le concours est dans moins de 6 semaines à présent.

    J’ai vu que les procédures civiles d’exécution ne seront plus au programme pour le concours 2020.

    Puis-je en conclure qu’elle ne nous seront pas soumises cette année, ou au contraire, comme une dernière flamme, qu’elles nous le seront ?

    Merci !

    Bibou

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    1. Bonjour Bibou! En effet, les épreuves écrites approchent doucement mais sûrement, et nul doute que tu t’es bien préparé(e) jusque-là! Les procédures civiles d’exécution sont une marge du programme, et sont directement tombées mon année (2016). Très franchement, selon moi et mon doigt mouillé, il est impossible à 99,9% qu’un sujet y soit pleinement consacré. Dans tous les cas, les procédures civiles d’exécution ne supposent pas un travail de fond : connaître grosso modo les différentes et leur mode de fonctionnement sera bien suffisant, et si jamais tu pourras aller te repérer dans le code (la fameuse technique du « décalquage intelligent »). Bonnes révisions à toi et bon courage pour le concours approchant!

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      1. Bonjour,

        Félicitations pour votre blog, il est excellent 🙂

        Très belle plume et un réel talent pour faire passer simplement les idées principales à retenir dans la perspective du concours.

        Je me suis actuellement engagé dans une procédure d’intégration directe en qualité d’auditeur de justice (article 18-1).

        Auriez-vous des conseils à me donner dans cette perspective ? Pourrions en échanger si vous avez un peu de temps à m’accorder ?

        Un grand merci d’avance.

        Bien à vous.

        Anthony

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      2. Bonjour Anthony, et merci à toi de suivre mon blog avec attention! A vrai dire, je ne connais la procédure d’intégration dite « 18-1 » que par les maigres récits que m’en ont fait mes camarades qui ont intégré par cette voie… mais je compte me renseigner pour produire un ou deux articles de synthèse sur les modalités concrètes de cette procédure. Je ne pense pas être d’une grande utilité sur ce point, mais n’hésitez pas à me poser vos questions malgré tout : peut-être que quelqu’un passant par là aura des éléments de réponse utiles! Bon courage pour la suite de ta reconversion!

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  17. Bonjour,

    Je vous remercie pour ce blog intelligent, bien construit et tout en humour ! (Ce qui est tout à fait appréciable pour se décaler de l’aridité que peut être un concours).

    En regardant le nouveau programme de droit civil, je m’interroge sur les obligations. Nous sommes passés des obligations (formation du contrat, effet, execution, responsabilité civile…etc) aux sources des obligations (contrat, quasi-contrat et responsabilité civilr).

    Est-ce à dire que nous n’avons plus à réviser cette bonne formation du contrat, ses effets…etc ?

    En vous remerciant pour votre
    retour,

    Très belle prise de poste à vous 🙂

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    1. Bonjour Rosalindre et merci de tes compliments! J’essaie en permanence de trouver un juste milieu entre la difficulté réelle du concours, mais aussi la nécessité de ne pas l’exagérer démesurément!

      Au sujet du nouveau programme, il s’agit pour moi d’une sorte de reformulation (assez étrange d’ailleurs) mais pas d’un réel changement. Le droit des obligations est le cœur du programme de droit civil à l’ENM et il me semble totalement impossible qu’il soit limité aux sources des obligations (lesquelles, par ailleurs, ne tombent jamais…). La formation du contrat (la question des nullités notamment) et ses effets sont le centre du travail du juge civil, et 90% des cas pratiques. Bref, j’imagine qu’il y a une coquille ou quelque chose du genre : il faut bien entendu être au taquet sur l’intégralité du droit des obligations hors contrats spéciaux (RGO, formation, exécution, bonne foi, résolution/résiliation…).

      Bonnes révisions à toi!

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  18. Bonjour fromenmwithlove,

    Je suis complètement fan de ton blog , belle plume, plein d’infos précieuses sur l’enm et surtout la lecture de tes articles me procure toujours une bonne dose de motivation!

    J’avais 4 petites questions à te poser : je suis enseignante de lettres depuis 6 ans (au sein de mon parcours j’ai aussi eu l’occasion d’enseigner l’HG et la philo) et ai repris en parallèle du boulot une L2 de Droit à distance avec la fac d’Assas que j’ai validée en Juin. En ce moment c’est la période des réinscriptions et je me tâte à m’inscrire en L3 pour terminer le cycle ou à directement commencer à préparer le concours via une prépa ou un IEJ. Il est vrai que si je m’interroge là dessus c’est parce que le programme de L3 n’est pas vraiment en adéquation avec le concours et que j’ai lu dans tes articles que finalement les prépas étaient un bon moyen de préparation. Les frais d’inscription à distance étant élevés cela conduit forcément à m’interroger.

    Il me semble que toi aussi tu as suivi une formation de lettres aussi qu’en penses-tu? Juges-tu intéressant de terminer la licence? Ou directement commencer la prépa? en sachant que je bosse à plein temps cette année et que même si je dispose de temps vu que je suis enseignante ce dernier restera quand même limité.

    De plus, as-tu rencontré des profils d’enseignants au cours de ta formation car parfois je doute un peu de la légitimité de me présenter à ce concours venant d’un monde bien différent?

    Je souhaiterais passer le 2ème concours et en même temps n’ayant pas encore trente ans il me reste deux années encore pour pouvoir présenter le 1er concours du coup je me demandais s’il était utile que je le tente ou s’il était plus judicieux de me concentrer sur le 2ème concours?

    Enfin, je travaille actuellement en Polynésie Française : est-ce que tu sais s’il est possible de passer les épreuves dans les DROM-COM?

    Beaucoup de questions, j’en suis désolée mais je t’avoue qu’il m’est difficile d’obtenir des réponses à mes questions à l’autre bout du monde , perdue sur une petite île (surtout avec le décalage horaire).
    Aussi, je te remercie par avance pour tes éclaircissements et conseils.

    Amélie

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    1. Bonjour Amélie! Je vais tâcher de te répondre au mieux, point par point pour plus de clarté…

      Sur le fait de terminer ta licence, selon moi, cela ne présente pas d’intérêt particulier, comme tu l’as bien senti : les programmes ne sont souvent que partiellement en adéquation avec les matières du concours, et cela peut retarder inutilement ton lancement dans la préparation. Comme je le dis (et l’écris !) souvent, les diplômes sont très peu de choses par rapport à la préparation en elle-même, qui reprend les bases et vise surtout à faire acquérir la méthodologie nécessaire pour produire une bonne copie. Seul bémol, c’est toujours préférable pour soi d’avoir terminé sa licence pour avoir un sentiment d’achèvement, mais si tu n’y tiens pas particulièrement, inutile de vouloir achever sa licence à tout prix.

      En revanche, sur le choix entre premier et deuxième concours, il faut savoir que le premier est beaucoup (beaucoup beaucoup) plus sélectif que le deuxième. En passant le premier, tu te retrouveras confrontée aux jeunes loups sortis des facs parisiennes et des IEP, et l’effort nécessaire pour espérer intégrer sera plus important. En attendant de pouvoir présenter le deuxième concours, tu maximises tes chances t’intégrer car celui-ci connait un taux de réussite bien supérieur : il est même arrivé il y a quelques années que le jury n’accorde pas tous les postes prévus, tant que le ratio entre nombre de candidats et postes approchait les 70 et 80%… Bref, selon moi, si tu n’es pas « pressée » de quitter l’éducation nationale, à ta place, j’attendrais encore deux ans pour passer le deuxième concours pour maximiser mes chances d’intégrer. Cela dit, tu peux très bien passer le premier concours pour voir à quoi les épreuves ressemblent et te donner une idée.

      Oui, il est possible de les passer dans les DROM-COM, et même l’intégralité d’entre eux! Pour la Polynésie, le concours se déroule au tribunal de première instance de Papeete, mais tu peux aussi aller le passer à Nouméa, ou en métropole si tu es de passage en Europe! A savoir, les épreuves se déroulent simultanément partout en France, donc en soirée dans le Pacifique…

      Quant à ta profession d’enseignante, elle te sera un précieux atout et non un handicap! Je connais plusieurs anciens profs dans ma promotion, et il doit y en avoir une bonne quinzaine… dont un ancien prof d’histoire-géo en Nouvelle-Calédonie!

      Bon courage pour la suite de ton parcours, plus difficile à mener depuis l’Océan pacifique, mais tout à fait réalisable!

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  19. Je trouve également cette réforme bien dommageable quant au message qu’elle renvoie…

    Étant moi-même issue d’une formation purement juridique et ne provenant pas des hautes sphères de la société, j’estime qu’il reste essentiel de connaître, au moins de s’intéresser, à la société dans laquelle on vit et son histoire pour prétendre en juger les citoyens. Les sciencepistes ont leurs propres mérites et il est tout à fait envisageable d’acquérir les connaissances suffisantes pour l’épreuve de culture générale pour un juriste! Je suis pour ma part très mal à l’aise avec cette nouvelle défiance envers la culture générale, peut-être que la princesse de Clèves a encore certaines choses à nous apprendre…

    Par contre, il semble normal qu’une large ouverture des portes du concours à tous ne dispense personne de justifier d’un certain niveau d’expertise juridique. A ce titre, la réévaluation de l’épreuve de cas pratique me semble tout à fait pertinente. Surtout que pour faire du droit des obligations, les Lumières ne sont pas toujours d’une grande aide… Peut-être faut-il prétendre rendre des jugements corrects avant de s’intéresser à rendre des jugements justes.

    Dernier bémol : la non-suppression de l’épreuve d’anglais qui constitue la véritable discrimination de ce concours. Le fait qu’elle constitue la principale barrière à ce métier pour nombre de candidats laisse songeur.

    Merci pour cet article aussi stimulant que les précédents!

    Je m’en retourne porter mon joug.

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    1. Bonjour fidèle lectrice! En effet, cette défiance envers la culture générale, que l’on tente faussement de justifier par son caractère prétendument anti-démocratique, pourrait maquiller la volonté de conduire la fonction de magistrat.e toujours plus près de celle du haut fonctionnaire… La réforme Thiriez accrédite malheureusement cette hypothèse… Merci de ton passage et de ton commentaire!

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  20. Bonjour,

    Je te cite (hihi) : «  »Mais une énorme nouveauté : les candidat(e)s auront désormais le choix entre deux, voire trois sujets pour chacun des oraux techniques ! » »

    Tu voulais dire matières non ?

    Ou alors, comme pour le grand O, la réforme induit que l’on puisse tirer au sort des sujets lors des oraux techniques et n’en choisir qu’un seul in fine ?

    Merci

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    1. Bonjour El Cuisto ! Oui, j’entendais par sujets les différentes matières au programme. Par contre, dans les faits, n’ayant pas encore eu de retour précis des oraux techniques, je ne sais pas si les candidats passent devant un jury composé pour chaque matière (administratif, DIP, etc…), ou si le jury est mixte et que le candidat tire deux sujets sur le même bulletin, pour préparer celui qui correspond à la matière de son choix. Merci de cette remarque 🙂

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