Grand oral ENM – Le sujet de culture générale (2)

Salut à tous / toutes !

Dans cet article, nous avons exploré les attentes des examinateurs en entrant dans leur cerveau façon Bus magique (#années90). Si vous ne l’avez pas (encore) lu, je vous le conseille pour deux raisons. La première : je l’ai écrit avec amour, en pensant aux admissibles en galère derrière leur écran. La seconde : il est complémentaire de celui-ci, car vos révisions découleront logiquement de ce que le jury attend de vous.

Trêve de bavardages, d’autant plus que l’article s’annonce long ! Dans les lignes qui suivent, je vous raconterai comment j’ai révisé en vue de mon exposé de culture générale pour tenter de devenir un croisement entre Stéphane Bern, Bernard Pivot et Guy Carcassonne. Il se pourrait même que quelques sujets tombés les années passées vous soient divulgués en fin d’article…

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J’ai tenté de réaliser un véritable croisement entre Guy Carcassonne et Stéphane Bern. Je vous propose de visualiser ensemble le résultat. Vous comprenez pourquoi j’ai pas voulu rajouter Bernard Pivot.


Comment (et quoi) réviser ?

Outre la question du « comment », se pose la question du « quoi réviser ». Vous aurez largement le temps de vous préparer pour votre grand oral, même si vous passez parmi les premiers, mais mieux vaut ne pas mettre le doigt dans l’engrenage de « l’aspirateur à temps » qu’est la culture générale.

« Il convient de relever et regretter les lacunes de trop de candidats dans les domaines historiques, géographiques ou littéraires, beaucoup d’entre-eux manquant de repères, même sur des sujets liés à l’actualité ou abondamment débattus ».

Rapport du jury 2015

Quoi ?

Comme nous le verrons dans le chapitre suivant, les sujets sont de nature si variée qu’il est impossible d’espérer pouvoir « tout » réviser. Certains font appel à un champ de connaissances spécifique (histoire, libertés fondamentales, littérature, actualité, géographie…), tandis que d’autres se laissent traiter avec tout type de références – notamment les sujets-citations. Vous vous y connaissez plutôt en histoire, en sciences politiques qu’en littérature ? C’est parfait : faites avec les exemples que vous avez et que vous maîtrisez le mieux !

Dans tous les cas, vous ne pouvez pas vous lancer à corps perdu dans un apprentissage de toutes les sciences humaines et des arts de la Préhistoire à nos jours. Vous devrez cibler les domaines qui reviennent souvent dans les sujets proposés, et prioritairement ceux pour lesquels une ignorance vous serait plus difficilement pardonnée. Il s’agit principalement de trois grands champs :

  • La justice : ça semble compréhensible. Mais l’organisation judiciaire et les arcanes de la justice ont bien des secrets, que même les auditeurs de justice les plus curieux ignorent. On ne devrait pas vous interroger sur les pouvoirs du procureur général en matière commerciale, mais le jury s’inquiéterait de constater qu’un(e) candidat(e) ne sait pas comment fonctionne – en gros – un procès d’assises. Remettre rapidement le nez dans vos cours de procédure pénale ou dans de vieilles fiches suffira amplement !

  • Les institutions publiques : de la même façon, le jury verrait d’un mauvais œil une faible maîtrise de l’organisation de l’État et des confusions en droit public « de base ». Assemblée nationale, Sénat, ministères, préfectures, collectivités territoriales… Il faut idéalement avoir cette architecture institutionnelle bien en tête. Vous me voyez venir : les cours de public pour les écrits feront merveille pour vous rappeler tout ça.

  • Les grands débats de société à forts enjeux juridiques : enfin, le jury escompte de juristes privatistes qu’ils soient au fait des grands débats « juridico-sociétaux », et notamment les deux principaux, à savoir la gestation pour autrui et le droit de mourir dans la dignité. En une heure sur Internet, on peut facilement se mettre au point là-dessus.

Ce sont les trois thématiques que je réviserais en priorité et avec le plus de soin, car ce sont les ignorances que le jury accepterait le moins de la part de futur(e)s magistrat(e)s. En plus, ce genre de révisions à mi-chemin entre le droit public, la sciences politique et l’actualité sert aussi bien souvent pour la mise en situation : vous faites d’une pierre deux coups !

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Comment ?

Les biologistes ont découvert deux espèces principales d’admissibles :

  • l’admissiblus curiosis : cette espèce aime suivre l’actualité, écoute souvent la radio, passe son temps à zoner sur Lemonde.fr ou Wikipedia, et aime découvrir de nouveaux auteurs ou cinéastes. Si vous appartenez à cette espèce, il y a de grandes chances pour que vous soyez déjà – largement – prêt(e). Vous pouvez toujours réviser pour vous donner bonne conscience, réveiller vos souvenirs ou tout simplement satisfaire votre appétit de découverte.

  • l’admissiblus netflixis : cette espèce n’a pas le réflexe de s’intéresser à l’actualité, aux arts et aux lettres. Pour vous, ce sera peut-être moins drôle : il s’agira de révisions, et pas de votre mode de vie normal. Autant bien les cibler pour éviter d’y passer trop de temps !

Personnellement, mon principal mode de révision a été Wikipedia. Je le dis fièrement, d’autant plus que l’encyclopédie en ligne a parfois injustement une mauvaise réputation (« Hé mais c’est pas fiable Wikipedia tout le monde peut la modifier regarde-moi je vais écrire des gros mots sur un article »). Certains articles sont peu développés, certes, mais beaucoup sont de grande qualité et vous renseigneront très rapidement sur un sujet précis. Laissez-vous porter sans se dire « Faukjretienntou » ; creusez les sujets qui vous intéressent ; sautez ce que vous connaissez déjà ou estimez inutile de lire.

Histoire-géo / science politique

Vos ennemis principaux sont les immenses manuels que vous n’aurez jamais le temps de lire au-delà du troisième chapitre. J’en ai parfois vu à la bibliothèque ficher des manuels d’histoire de la taille d’un dictionnaire Robert, du genre « Toute l’histoire, de Périclès à Donald Trump ». Les ouvrages généraux centrés sur le XIXe et XXe siècle suffiront amplement. Les maîtres du genre sont les fameux Berstein & Milza, avec leur collection universitaire très synthétique et parfaite pour construire ou solidifier une culture historique contemporaine. Inutile d’aller trop loin : centrez-vous sur l’histoire et la géographie de la France, et ayez de grandes notions sur l’Angleterre, l’URSS/Russie, la Chine, l’Allemagne et les Etats-Unis.

Surtout, il s’agit d’acquérir les grandes notions et d’avoir des repères chronologiques et géographiques, siècle par siècle et continent par continent. C’est l’heure de la minute « C’était mieux avant » : difficile de nier qu’à l’époque de nos parents, et encore plus de celle des président et vice-président, l’éducation civique et la culture générale étaient bien plus développées. Je revois mon père, qui a arrêté l’école en troisième, me lister les dates de règne des rois de France et les départements français, en connaissant le numéro et la préfecture. Ce sont des savoirs fondamentaux que nous n’avons plus pour la majorité d’entre nous, et ce n’est pas grave ! Nous en avons d’autres (je serais curieux de voir certains membres du jury devant un ordinateur). Mais si vous montrez au jury que vous disposez de la culture générale de l’école d’antan, vous filerez droit vers les notes maximales. Et vous ne vous sentirez pas visé(e)s par les complaintes dans le rapport du jury !

Petit ajout après avoir assisté à des oraux début octobre : si vous venez d’une région autre que l’Île-de-France, révisez un peu son histoire et sa géographie. Généralement, ça ne loupe pas : les mines du Nord-Pas-de-Calais pour celle qui a grandi à Lille ; le vignoble alsacien pour celui qui a fait sa L2 à Strasbourg…

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Un M1 de droit privé à Rennes ? Faites sonner les binious et chauffer les galettes de sarrasin, nom d’une crêpe ! (#désolé)

Arts picturaux et cinéma

Pour les arts picturaux et le cinéma, n’hésitez pas à essayer d’acquérir là encore de grands repères chronologiques, en apprenant les grands courants (classicisme, romantisme, Nouvelle vague…) et leurs principaux représentants. Si vous en avez le temps et l’envie, vous pouvez lire l’Histoire de l’art d’Ernst Gombrich, un ouvrage extraordinaire qui ferait comprendre l’oeuvre de Léonard de Vinci à un élève de CE1. Vous pouvez aller plus vite avec Internet, là encore avec Wikipedia ou des sites spécialisés. Histoire d’éviter, comme cette admissible à qui le jury a demandé « Qui a peint Le Radeau de la Méduse ? » (une question qui ne me semble pas particulièrement horrible, surtout quand on déclare dans sa fiche aimer l’art), de répondre : « Euh… Giraudeau ? ».

Actualité / géopolitique

Suivre l’actualité nationale et internationale pendant la prépa est un doux mirage. Il convient toutefois de rattraper le temps perdu et de découvrir ce qu’il s’est passé pendant que vous aviez la tête dans le Code civil. Si vous êtes abonné(e) à un quotidien ou un magazine de qualité (Le Monde, Courrier international), faites-vous plaisir. Les revues mensuelles ou trimestrielles, comme « Le 1 », sont très utiles aussi : pas trop techniques, avec des cartes et des photos pour bien visualiser… N’hésitez pas à vous perdre un peu sur le site du Monde ! Avec les classements par rubriques et le moteur de recherche bien fait, vous pouvez devenir spécialiste d’un sujet en dix minutes chrono ! Pour une fois que la procrastination est valorisée…

Quant à l’actualité géopolitique, il serait bon de connaître grosso modo les différents conflits et guerres en cours dans le monde, ainsi que les questions humanitaires qu’elles soulèvent. Ex. : Lampedusa, la guerre civile syrienne, les Rohingyas, tensions autour de la Corée du Nord… L’émission Le dessous des cartes est parfaite pour ça. Vous pouvez remobiliser vos révisions d’anglais (si elles ont eu lieu!) sur l’actualité britannique et américaine. Enfin, en matière de droits et libertés, les deux courts ouvrages de Bernard Stirn intitulés Les libertés en question sont une véritable référence. Précis, synthétiques, ils font le tour de grands débats sociétaux et des évolutions juridiques qu’ils pourraient entrainer.

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Le regretté Jean-Christophe Victor, meilleur ami des admissibles avec son émission Le dessous des cartes. Après trois épisodes, vous épaterez vos ami(e)s en lançant à la demande des fléchettes sur le Honduras, le Vanuatu ou la Guinée équatoriale.

Le pas nécessaire

Si vous passez à la mi-décembre et que vous dépérissez devant Netflix sous un plaid, avec une tasse de Kusmi Tea, vous pouvez élargir vos révisions. Mais il n’est pas nécessaire de se mettre à lire les ouvrages médiatiques du moment dans la crainte de questions : pour recoller avec l’actualité, la radio et deux heures sur les sites d’actualité, c’est parfait. Idem pour les lectures in extenso de Max Weber, Bourdieu ou autres : les chances de pouvoir en tirer profit sont bien trop minces… Enfin, si vous estimez manquer cruellement de connaissances littéraires, laissez tomber. Vous ne deviendrez pas un rat de bibliothèque en quelques semaines, et en plus, ce genre de questions tombe moins souvent. Autant de bonnes raisons de se concentrer sur le reste !

En somme, même si je vous ai indiqué ma méthode personnelle, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! N’hésitez pas à faire feu de tout bois et utiliser ce que bon vous semble ou ce que vous avez sous la main. Par exemple, de vieux cours de licence, des ouvrages généraux trouvés en bibliothèque, ou encore votre belle banque d’exemples constituée pour l’écrit de culture gé… Dans tous les cas, chassez de votre esprit tout ambition d’exhaustivité : c’est matériellement impossible. Et dites-vous surtout que vous avez probablement déjà les connaissances nécessaires pour vous en sortir sur la plupart des sujets…


Les sujets

Entrons dans « la concrétude » avec quelques exemples. J’ai volontairement mis le mot entre guillemets : ne l’utilisez surtout pas à l’oral ! Je répète : n’utilisez pas le mot « concrétude » à l’oral. L’un des membres du jury insiste – à juste titre – sur le fait qu’il s’agit d’un néologisme un peu malheureux… Ca sent une mention dans le rapport du jury !

Les sujets peuvent être classés en trois grandes catégories :

  1. Le « sujet-question » : celui avec un point d’interrogation à la fin. Une question vous est clairement posée : il s’agira d’y répondre de manière argumentée, en essayant d’envisager le plus d’aspects du sujet possible. Ex. : « Faut-il supprimer le jury populaire d’assises ? » ; « La presse, un contre-pouvoir ? » ; « Qu’est-ce qu’être européen ? » ; « Pourquoi punir ? » (wink wink) ; « Pensez-vous que l’histoire est condamnée à se répéter ? ».

  2. Le « sujet-notion » : ce type de sujets est assez clair. Il s’agit d’une notion seule ou de deux notions mises en rapport. Il est souvent utilisé pour des sujets sur la justice. Ex. : « la lutte contre la cybercriminalité » ; « Les femmes et le pouvoir » ; « La peur et la phobie ».

  3. La citation : le sujet est une phrase, une maxime ou un proverbe. L’auteur est généralement indiqué, s’il est connu, avec ses dates de naissance et de mort. Ex. : « La France a besoin d’environ six mille juges ; aucune génération n’a six mille grands hommes à son service, à plus forte raison ne peut-elle les trouver pour sa magistrature » Honoré de Balzac.

Lors de la session à laquelle j’ai assisté il y a quelques jours, deux sujets étaient des « sujets-question » ; un était une « notion » ; et un dernier était une citation. Les citations peuvent faire un peu peur, parce qu’on ne sait pas toujours comment les traiter. En fait, elles offrent une plus grande liberté : les références mobilisables pourront provenir de partout. Dans tous les cas, la citation doit être ramenée à une expression simplifiée. Dans l’exemple de la citation de Balzac ci-dessus, le sujet pourrait tout aussi bien s’intituler : « Le recrutement dans la magistrature »…

Quant au contenu des sujets, déjà abordé plus haut, des tendances de fond semblent se confirmer. Il y aura toujours une bonne partie de sujets juridiques ou para-juridiques, et des questions de société. Dans le premier cas, les juristes que vous êtes auront forcément des billes pour s’exprimer cinq minutes. Dans le deuxième cas, c’est au/à la citoyen(ne) curieux/se qu’il est fait appel – et surtout à vos petites révisions d’actualité.

D’après mes informations secrètes et ce que j’ai pu voir sagement assis(e) dans le public, deux thématiques reviennent assez fréquemment cette année, notamment dans les questions : Internet (ce que le jury appelle « nouvelles technologies ») et l’environnement. Sans doute signe d’une volonté de prendre compte les grandes évolutions sociétales en cours, cet intérêt pour ces thématiques de « djeun’s » est une aubaine pour nous, jeunes admissibles nés avec un clavier et un McVeggie entre les mains.

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Qu’est-ce qu’on pourrait leur donner comme sujet sur la technologie Martine… Je sais pas moi… « Le Minitel est-il l’intelligence artificielle de demain ? », ou « Quel avenir pour la cyber-toile ? ».

Comment briller ? Je ne prétends pas pouvoir vous délivrer la méthodologie unique qui vous conduira vers les sommets. Comme pour les oraux techniques, insistez bien sur la clarté du plan et vos deux grandes idées-forces, et essayez de citer le plus d’exemples possibles, en évitant le catalogue. Salez et poivrez, cinq minutes au four, et c’est prêt !


Pour résumer en quelques phrases mon propos, les sujets sont des questions, des notions ou des citations faisant appel à des connaissances plus ou moins ciblées, dans des thématiques comme la justice, les institutions publiques et les questions de société. Par conséquent, je conseille de bosser son grand oral en suivant deux grands axes de révisions :

  1. Acquérir ou entretenir ses grands repères historiques et géographiques ;

  2. Se reconnecter avec l’actualité sociale, économique et géopolitique nationale et internationale.

Plus facile à dire qu’à faire ! Mais en tâchant d’y prendre ne serait-ce qu’un peu de plaisir – ce qui est difficile étant donné le contexte de révisions… -, vos lectures de culture générale passeront plus vite et vous assimilerez le contenu mieux que s’il s’agissait de droit des successions.

Dans tous les cas, il ne faut pas surestimer l’importance des questions de culture gé dans la note finale. Vous n’avez pas su situer précisément un pays, ou identifier une référence littéraire ? Ce n’est pas bien grave : l’oral n’est pas un quiz de sélection à Tout le monde veut prendre sa place. Et je rappelle que le sujet de culture générale ne constitue qu’une partie de la note. L’essentiel est de donner le meilleur de soi !

From ENM, with love

« La persévérance, c’est ce qui rend l’impossible possible, le possible probable, et le probable réalisé ». Léon Trotsky


10 réflexions sur “Grand oral ENM – Le sujet de culture générale (2)

  1. Bonjour et merci pour cet article, on a vite l’impression de tourner en rond et ça aide à cibler les révisions ! Je me demande si le jury dispose de nos notes des écrits et/ou des épreuves d’admission au moment de notre passage ?

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    1. Salut Romain! Je réponds avec un petit retard à ta question : il est difficile de le savoir avec certitude, mais il me semble que non. En plus, pour ceux qui passent leur grand oral parmi les premiers, pas sûr que les notes de synthèse soient déjà corrigées! 😉 Je vais me renseigner et essayer d’obtenir l’info de manière plus certaine! Bon courage à toi!

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  2. Les épreuves du culture générale sont celles qui m’inquiètent le plus… Heureusement tu nous donnes les clés pour surmonter ça 🙂 C’est vraiment bien d’avoir fait un article sur l’oral de culture gé parce que ça m’intriguait beaucoup ^^
    J’avoue que tes articles apportent beaucoup de conseils et réconfort, merci !

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    1. Je te réponds tardivement mais je t’ai répondue en articles entre temps! Tu peux aussi consulter celui consacré à la culture gé pour les écrits en complément… N’hésite pas si tu as besoin d’éclaircissements ou si tu trouves que certaines choses ne sont pas claires: cela me servira à faire quelques modifications… Bon courage à toi pour ton grand o’, je suis certain(e) que tout se passera comme sur des roulettes!

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    1. Bonjour à toi et désolé du retard de cette réponse! Cela te donne un avant-goût de la scolarité à l’école… J’ai eu moins de temps pour écrire mais je vais m’y remettre, avec notamment des articles consacrés au déroulement de la scolarité… Bonne préparation à toi!

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