Motivation speech – Écrits ENM

Salut à tous / toutes !

            Parfois, au cours d’une préparation aussi longue et éprouvante que celle du concours de l’ENM, on subit des baisses de motivation. On se dit qu’on est nul(le) et qu’on y arrivera pas. Puisqu’on est entre nous, je vous l’avoue, il m’est parfois arrivé de flancher. Après un bon 6 des familles en droit civil ou un inexplicable 7 en note de synthèse, on se demande si le travail fourni en vaut vraiment la peine, on se dit qu’on a aucune chance d’être admissible, qu’on ferait mieux de tout refermer et de se glisser dans son lit devant Netflix…

Pourtant, la motivation est primordiale durant cette préparation : c’est elle qui vous donne envie de vous lever le matin, de vous rendre à la bibliothèque ou de vous asseoir à votre bureau devant vos bouquins. Comme l’essence pour une voiture, la motivation est votre carburant : il faut régulièrement passer à la station-service pour faire le plein (waow, super métaphore). Ceux qui ont le concours ne sont pas forcément les plus forts intrinsèquement, mais ceux qui auront su conserver une motivation d’acier durant l’année. Et quelques uns (beaucoup trop) auront malheureusement abandonné.

­Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, de rester motivé en toutes circonstances, malgré les tôles et les concours blancs foirés ! C’est pourquoi je vous propose un petit motivation speech plein d’arguments rationnels pour garder le cap et la niaque quelles que soient les conditions météo !

Bonne lecture à vous !

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« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » .

Guillaume d’Orange


1 – C’est un concours où le travail paie.

Certains concours (l’ENA notamment) sont beaucoup plus aléatoires. Si vous avez travaillé avec régularité, cela va forcément payer. Le concours de l’ENM, par son programme d’épreuves, rend justice (belle formule dis donc) à ceux qui ont bossé dur.

Vous avez l’impression de ne pas progresser ? Cette impression est trompeuse. Parfois, c’est vrai, on ne se sent plus progresser aussi vite qu’au début, mais on progresse malgré tout. La mémoire fait son travail d’orfèvre et emmagasine les connaissances petit à petit. Vous vous levez le matin et vous allez bosser ? Et bien vous êtes nécessairement sur la bonne voie : c’est tout ce qui compte.

2 – « Je ne retiens rien, ça ne rentre plus ».

Dans chaque matière, il y a des paliers d’apprentissage. Oui, parfois ça bloque un peu : on se tape une après-midi de droit des régimes matrimoniaux, et en marchant dans la rue en sortant de la bibli, on a l’impression d’avoir déjà tout oublié (« mince, les oncles c’est quel degré dans l’ordre des successibles ? »).

Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas du temps perdu : votre mémoire travaille. Laissez-lui le temps de sédimenter. J’aime beaucoup faire un rapprochement flatteur entre la prépa et le sport de haut niveau. D’une certaine manière, nous les préparationnaires sommes des athlètes olympiques, à ceci près qu’on ne court pas le 100 mètres en dix secondes (ou alors vous vous êtes trompé de voie). On se prépare toute l’année avec acharnement pour atteindre notre objectif, et les écrits et les oraux de l’ENM sont nos Jeux olympiques.

Les sportifs de haut niveau non plus ne progressent pas sans arrêt. Parvenus à un certain niveau, il leur faut parfois des années avant de réaliser des progrès minimes. Pour vous, ça prendra sans doute moins de temps : changez un peu de matière, faites autre chose, variez les plaisirs et n’insistez pas trop quand vous en avez marre de la culture gé, du civil, du pénal ou du public.

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Oui, il y a plus de points communs entre lui et vous que vous ne l’imaginez.

3 – Ne soyez pas trop dur(e) avec vous-même.

Tout le monde fait des erreurs, en permanence. On oublie un arrêt important dans une copie, on omet de parler d’un film qu’on a vu il y a deux semaines et qui collait parfaitement au sujet de culture gé, on a zappé une information dans un cas pratique… Peu importe les petites erreurs que vous avez pu faire, passez à autre chose ! Ne vous auto-flagellez surtout pas pour un arrêt oublié ou une loi mal interprétée.

On se dit aussi très souvent « zut de flûte, en plus j’avais révisé ça toute l’après-midi il y a deux jours ». Là non plus, ce n’est pas grave. S’énerver contre soi-même est complètement stérile : désormais vous le saurez, et il vaut mieux faire l’erreur maintenant qu’au moment du concours.

4 – Inutile de se comparer aux autres.

Vous n’avez rien à prouver à personne. Ni à vos parents, ni à vos anciens profs, ni à vos amis (ou alors c’est des amis bizarres…). Le regard des autres n’a aucune espèce d’importance pour vous. Vous ne bossez que pour vous, pour réaliser votre objectif : réussir le concours.

Jean-Claude ou Marie-Mireille sont (ou ont l’air) plus avancés ? Tant mieux pour eux. Ça ne vous empêchera pas d’avoir le concours (et eux aussi, ou pas).

5 – Tout le monde a des doutes durant sa préparation.

Vous aurez parfois l’impression que certains candidats sont inébranlables et que rien ne peut les faire flancher. Deux options : ou c’est un(e) mutant(e) hyper fort(e) qui réussira le concours, et tant mieux pour elle/lui ; ou bien c’est quelqu’un qui a toutes les chances de se planter. Mais je suis sûr que même le premier ou la première du concours aura des énormes doutes, pensera à un moment de l’année qu’il/elle est nul(le)… Les doutes font partie du jeu et touchent tout le monde : il faut avancer malgré tout !

« Le doute fait entièrement partie de la préparation au concours de l’ENM » (René Descartes)

6 – « Je ne me sens pas prêt(e) ».

Naturellement, au vu de l’ampleur des programmes, qui pourrait honnêtement dire qu’il est prêt à tout déchirer sur n’importe quel type de sujet ? Personne. Vous ne pouvez pas matériellement avoir tout vu et tout lu. De plus, ne surestimez pas les connaissances nécessaires à votre réussite ! Comme je l’ai déjà écrit dans un autre article, 80% du concours se joue sur la méthode. Avec une bonne utilisation des codes, on retrouve tout le nécessaire pour faire une bonne copie, donc inutile de stresser parce qu’on ne retient pas les délais pour engager une action à fins de subsides…

Continuez d’avancer à votre rythme, vous êtes sur la bonne voie. Vous saurez forcément plus de choses ce soir en vous couchant que ce matin en vous levant !

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Parfois on se sent aussi mou qu’un Flubber (dédicace à ceux nés avant 1992).

7 – Un coup de mou ? Tout le monde est logé à la même enseigne.

C’est un concours, pas un examen où il faut avoir la moyenne. Vous êtes dans le dur, vous avez manqué quelques/beaucoup de cours et vos séances de travail se réduisent à peau de chagrin ? Ce n’est pas grave : ce qui est fait est fait, et l’important est désormais de se remobiliser. Tout est toujours rattrapable !

En outre, les autres candidat(e)s ne valent pas mieux que vous ! Eux aussi sont stressés, en retard dans leur planning de révisions, se tapent des tôles et dormiront mal la veille des épreuves. Aucune raison de complexer !

8 – « Toute l’année j’ai pris des tôles… ».

Certes, ramasser des 5, 6, 7 ou moins ce n’est pas génial pour l’orgueil et le moral. Mais ce ne sont que des entrainements. Oui, ça donne une indication sur votre niveau, mais ce n’est qu’une indication. Le jour du concours c’est différent : les cartes sont remises à zéro et certaines notes obtenues sont parfois bien surprenantes…

9 – « Je le sens pas… Est-ce que je dois aller aux écrits ? »

Oui. Vous ne vous êtes préparé tout une année voire plus pour craquer à trois mètres du bol du sangria, comme dirait l’illustre Jean-Marie Bigard. On a tous eu un/des coup(s) de flip à l’approche des écrits, c’est naturel, mais vous verrez que ce n’est pas si traumatisant que ça. En passant, vous pouvez lire mon article racontant le déroulement des écrits… (autopromo).

Vous pensez que vous n’aurez pas fini vos révisions avant les écrits. Et bien figurez-vous que oui, étant donné que vous ne saurez jamais tout parfaitement. Avancez aussi loin que vous pouvez et donnez toutes vos forces dans la bataille le jour J !

10 – « Je le passe cette année pour voir, mais j’aurai jamais les oraux ».

Si, vous aurez les oraux. Quand on veut quelque chose et qu’on travaille dur pour l’obtenir, on l’obtient. Beaucoup se sont dit la même chose et ont fini par voir leur nom sur le fichier pdf des admissibles à la fin juillet… Les gens qui l’ont ne sont pas des mutants, juste des gens qui ont travaillé avec régularité.

En conclusion,
  • si vous avez un moral d’acier, bravo et faites tout pour le conserver !
  • si vous êtes un peu dans le dur, j’espère que cet article saura vous ouvrir des pistes pour retrouver la motivation et vous remettre en selle !

N’hésitez pas à faire circuler cet article, notamment à des gens en « bad » dans leur préparation, et surtout, encouragez-les et motivez-les à venir avec vous à la bibliothèque : la main tendue d’un(e) ami(e) vaut tous les motivation speeches du monde !

Bon courage à vous les forçats de la prépa !

From ENM, with love


14 réflexions sur “Motivation speech – Écrits ENM

  1. Mille mercis pour ces précieux conseils et en particulier le speech motivation. Je prépare le concours pour la deuxième année consécutive et grace à ce blog je tente de me persuader que l’ENM est accessible.

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    1. Merci à toi! Je suis ravie que mon modeste « motivation speech » ait touché autant de gens 🙂 Au vu des places ouvertes cette année et du nombre stable de candidat(e)s, je pense que le concours n’a jamais été aussi accessible, donc ça vaut le coup de jeter toutes ses forces dans la bataille… Bon courage à toi pour les écrits et la suite!

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      1. Bonjour! Je commence actuellement à travailler pour le concours. J’envisage de l’obtenir en un (je veux y croire) ou deux ans (il faut persévérer). Je travaille seule, je compte sur des livres de référence bien maîtrisés pour parvenir à mes fins. Ma question est la suivante: penses-tu que tu aurais réussi ce concours sans prépa?

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      2. Bonjour Fetu! Je réponds à ta question sans détours : non, je n’aurais jamais réussi le concours sans prépa, pour plusieurs raisons. D’abord, je n’étais pas juriste, donc découvrir de nouvelles matières seul(e) comportait un risque de partir dans de mauvaises directions et de ne pas bien les cerner. Surtout, il m’aurait manqué une bonne compréhension des attendus du concours – mais j’essaie de réduire ça avec mon blog… 🙂 Et puis me connaissant, sans l’« atmosphère prépa », avec des sessions de cours intensives, des camarades pour se motiver, et des devoirs sur table pour bien assimiler la méthodologie, j’aurais tout simplement perdu assez vite la motivation.

        Mais ce n’est que mon cas personnel! Si aujourd’hui passer par une prépa est devenu la norme parmi les auditeurs, certain(e)s ont intégré en se préparant en solo. Tu as l’air très motivée, beaucoup plus que je ne l’étais, donc si tu parviens à garder cette motivation et à échanger de temps à autre avec d’autres candidat(e)s pour évaluer ton niveau, ça me semble tout à fait réalisable aussi. Je compte écrire prochainement un article sur la préparation en solo, en espérant que tu puisses y trouver quelques infos intéressantes… D’ici là, bon courage à toi pour ta préparation!

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      3. Et comment. Un grand merci pour cette réponse claire. Et je te remercie encore (et toujours) pour tes articles que je relis pour garder le cap. Pourras-tu d’abord conseiller des manuels axés sur la préparation des écrits (sauf peut être la culture G qui est un peu à part) avant de faire celui sur la prépa solo? Je me permets de formuler des demandes, mais tu fais comme tu le souhaites bien évidemment^^ Bien à toi, Fetu

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      4. Bonjour Fetu (et désolé du retard pour cette réponse)! Pas de souci pour les demandes : c’est le propre du juge civil d’être saisi de demandes à longueur de journée… 🙂

        Attendu que tu souhaites des articles sur la préparation des écrits ;
        Par ces motifs, je t’annonce qu’ils arriveront très prochainement, après quelques articles sur le grand oral pour soutenir jusqu’au bout les vaillant(e)s admissibles!

        Bon courage à toi et encore merci!

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  2. Merci merci merci merci merci, tu as vraiment les mots parfaits, et ça fait chaud au cœur si proche du jour J ! (Surtout quand la moindre petite chose rassurante t’émeut tu sais, ces pauvres petits nerfs aussi..)
    Allez, il faut y croire 💪🏻 !

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  3. C’est incroyable comme la lecture d’un de tes articles peut me redonner le moral ! Mais en même temps c’est pour cette raison que je suis sur ton blog ce soir, je savais que j’y trouverai un peu de réconfort et une dose de motivation.

    Merci encore pour le soutien que tu nous apportes à travers ces lignes !

    Allez on y croit !

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    1. Merci à toi, ça fait chaud au coeur et c’est exactement pour cela que j’ai crée mon blog! Bon courage à toi (et à toutes et tous ceux qui enflammeront bientôt leur pupitre par le bouillonnement de leurs cerveaux érudits)!

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  4. Bonjour

    Je voulais vraiment te remercier pour ce blog qui m’a été tellement utile au cours de cette année !
    Tes articles sont autant instructifs que bien écrits et drôles, ce qui permettait de faire des « pauses » sans culpabiliser cette année !

    En espérant continuer à te lire par la suite, mais seulement pour le plaisir

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  5. Encore un super article qui donne le moral.

    Je profite de cet espace commentaire pour évoquer un sujet qui ne semble angoisser que moi… J’aime beaucoup le droit, le métier de magistrat, par la diversité de ses fonctions et par sa mission me passionne. Cependant, j’ai une peur qui pourrait paraitre absurde, mais… j’ai peur de ne pas avoir de « vie », une fois en poste (si, bien évidemment, je parviens à réussir au concours); de ne donner mon temps exclusivement et uniquement pour mon travail, d’être noyée sous une masse de dossiers, de n’avoir comme objectif plus que de la gestion de flux.

    Autrement dit, il est souvent souligné que le métier de magistrat est un métier de « passion », et que celle-ci fait oublier la charge de travail. Mais quelle est-elle? Je ne m’imagine pas un 35h bien sûr, mais une indication serait la bienvenue !

    Je te remercie par avance pour ta réponse.

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    1. Bonjour Marina et merci à toi!
      Détrompe-toi, je reçois beaucoup de mails me demandant quelles sont les conditions de travail des magistrat.e.s, et leur impact sur leur vie personnelle! C’est une interrogation légitime que de vouloir savoir « où on met les pieds » avant de s’engager dans un concours, puis dans une voie professionnelle. Personnellement, je déplore justement que la magistrature soit devenue un « métier-passion », parce que comme pour d’autres (dans la culture notamment), cela permet aux pouvoirs publics de ne pas accorder les moyens nécessaires pour la faire fonctionner dignement : on laisse pourrir la situation, et la boutique tourne à peu près grâce au dévouement de l’essentiel des magistrats (les plus jeunes notamment), mais bon ce n’est pas si grave parce qu’après tout « ils/elles font ça par passion »…

      Très concrètement, la première année de poste est l’équivalent d’un TGV reçu en plein figure : il faut adapter les enseignements reçus à l’ENM à la réalité du terrain, et accepter petit à petit de sacrifier une part de qualité pour parvenir à produire son travail dans les délais. La masse de dossiers et la gestion de flux sera malheureusement inévitable, notamment dans les grands tribunaux en région parisienne ou ailleurs. Mais une fois la première année passée, on arrive généralement à mieux trier l’essentiel de l’accessoire, on gagne en productivité et, surtout, on hésite beaucoup dans sa prise de décision grâce à l’expérience acquise.

      Bref, pour parler horaires, la plage standard est 9h-19h du lundi au vendredi, avec des spécificités selon les fonctions (permanences, audiences, réunions avec des partenaires…). Certaines fonctions offrent plus de marge de manoeuvre pour le télétravail (JAF, civil), tandis que d’autres y sont encore hermétiques (parquet notamment). Je pense qu’à vue de nez, je dois passer environ 50 heures par semaine à travailler, mais la liberté d’organisation dont je dispose me permet de rendre cette charge à peu près supportable (même si j’ai comme tous mes collègues de promotion connu des soirées de rédaction à la bougie et le week-end). Mais ces horaires assez importants ne m’empêchent pas de maintenir une vie sociale, dans ou en dehors du tribunal ! 🙂 Bon courage pour la suite de tes études, et peut-être de ta préparation !

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